ADEPTUS ASTARTES
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 L'Ange Gabriel

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeDim 15 Avr 2012 - 9:02

très bon texte comme tous les autres Wink .
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeSam 16 Juin 2012 - 10:34

Intronisation, Chapitre 7 : Trahison !

Les Hauts-Conseillers n’en croyaient pas leurs oreilles. Abasourdis par la demande que formulaient les Space Marines, ils eurent du mal à se remettre du choc. Enfin, Jacobinus, le premier, rompit le silence pesant qui avait envahit la Salle Stratégique.

-Vous… vous nous demandez de repartir à l’attaque ?

-Vous avez tous bien entendu. Il faut attaquer à nouveau. Vous complèterez s’il le faut les effectifs avec tous les hommes, femmes et enfant que vous trouverez. N’importe quel gamin peut être utile s’il peut porter des munitions pour charger nos armes. Nous ne pouvons pas attendre que l’ennemi se réorganise. Nos renforts seront trop lents à arriver et nous aurons ployé sous le poids avant. Enfin, nous… vous aurez ployé. Je n’ai pas l’intention de risquer la vie de mes Frères pour une bataille perdue d’avance. Les Dark Angels ne se rendent jamais mais ils ne se lancent jamais non plus dans des combats déjà joués.

-Vous… vous voulez dire que vous nous abandonneriez à notre sort ?

-Sans états d’âme. Quand bien même vos accusations nous inquièteraient, et ça n’est pas le cas, vous n’auriez pas le loisir de les porter sur la place publique. De plus, je vous ferai remarquer que voici deux minutes que vous discutez mes ordres, et cela fait déjà deux minutes de trop. Je ne sais pas pourquoi je vous ai laissé faire, d’ailleurs. Peut être pour vous montrer, s’il en était vraiment besoin, qu’elle est votre réelle place dans cet univers ? En tous les cas, considérez-vous comme extrêmement chanceux, puisque je vous ai laissé vivre après avoir commis une telle erreur. Je vous avertis que cela ne se reproduira pas deux fois.

-Oui Seigneur, puissiez-vous me pardonner. J’attends vos ordres, mon Seigneur.

-Bien, vos efforts en matière de protocole font des progrès spectaculaires, Jacobinus. Le cours de votre vie repart à la hausse.

Laissant là son ironie, Gabriel ajouta :

-Et maintenant passons à la préparation de ces plans…

Après trois heures de délibérations, ils mirent au point un plan plus complexe que le précédent, qui tenait compte des faibles effectifs à présent à leurs dispositions. Un nouvel échec compromettait définitivement tout espoir de redressement de la situation. C’était un plan risqué mais comme le montra Gabriel, le seul qui puisse encore marcher. Dans la nuit, on recruta de force tout ce qui pouvait tenir debout et n’était pas aveugle, on confia un couteau, un fusil laser et trois batteries de rechange à ces « volontaires » et on leur donna un ersatz d’instruction. Les camps de réfugiés de la capitale furent vidés en moins d’une heure. Plus rien de vivant n’arpentait les rues, à l’exception d’animaux errants en quête de nourriture. Toute la population de la ville était cantonnée, cloîtrée, sur les positions de départ de l’attaque du lendemain.

Mis au courant par la taupe, les chefs de la rébellion exultaient. L’embuscade serait si meurtrière que, si elle n’exterminait pas toutes les ultimes forces loyalistes, elle porterait un tel coup à leur moral que l’ennemi ne s’en relèverait jamais. Ana-Purna III était à eux.

Ce qu’ils ignoraient, c’est que les Dark Angels avaient décidé de changer les plans…

_______________________________________________

Au fond de la vallée du Sham-shir, une large propriété fermière étendait ses bâtiments. De multiples granges, de longs corps de logis, et bon nombre d’appentis se répartissaient le long d’une petite rivière qui serpentait au milieu de la vallée. Ils s’étendaient jusqu’à quadriller toute la longueur et la largeur de l’étendue. De-ci de-là, des hommes allaient et venaient. Une éolienne était installée au milieu des champs, et des antennes radios dépassaient du logis principal.

La propriété appartenait sans doute à un homme très riche de la planète. Les terres semblaient fertiles et la superficie de celles-ci devaient lui assurer des revenus substantiels. Et c’était dans ce coin perdu que les rebelles avaient établis leur centre de commandement. Les antennes radios, quoique normales dans une propriété de cette taille, étaient présentes en trop grand nombre pour être banales. Et les contre-mesures des engins de la Raven Wing avaient identifiés l’éolienne comme l’épicentre d’un large faisceau radar. Aussi, cela avait attiré l’attention de l’escadron d’attaque Ardael. Poussant un peu leurs investigations, les motards avaient repérés quelques éléments insolites dans ce trop paisible endroit : des emplacements de mitrailleuses dissimulés sous les bottes de foins, des bunkers déguisés par d’habiles peintures en d’honorables maisons…

Malheureusement pour tous ces ingénieux concepteurs, si le terrain était parfait pour contrer des attaques conventionnelles, il était en revanche totalement inadéquat à stopper un raid de la Raven Wing. Sitôt qu’elle aurait atteint le bâtiment principal, sans doute plus âprement défendu qu’il n’y paraissait, les motards avaient ordre d’activer les balises de téléportation qui équipaient leurs engins. Une fois ceci fait, les téléporteurs du Winged Vengeance se calibreraient sur leurs signaux et expédieraient le Chapelain Severian et les deux escouades de la Death Wing directement à l’intérieur du bâtiment. Un plan simple, mais sans faille.

Ardael donna le signal de l’attaque et les moteurs rugirent. Les motos noires de jais surgirent de derrière la crête où elles s’étaient tenues abritées pour déferler à pleine vitesse sur la valée. Au dessus d’elle, les antigravs du 7ème escadron volaient à en frôler le sol.

Au loin, l’alarme sonna, et quelques formes se mirent à courir vers des tas de foin, de branchage ou encore des tranchées creusées sous d’épaisses frondaisons. Quelques tirs sporadiques n’arrêtèrent pas les Dark Angels. Le Typhoon pulvérisa une motte de paille d’un seul missile, tuant net les servants d’une mitrailleuse. Un auto-canon le prit à parti mais le pilote slaloma adroitement entre les traçantes. Son bolter lourd ouvrit le feu à l’unisson avec les deux autres de l’escadron et les projectiles labourèrent le sol, criblant l’affût, annihilant toute menace.

La surprise était totale, et il n’y avait pas de résistance organisée qui ne put tenter d’arrêter ce coup de vent. Et pour cause, l’adversaire avait été jusqu’ici trop occupé pour déceler la présence de la Raven Wing : il avait en effet une autre bataille à gérer.

_______________________________________

En ville, la situation était assez différente. Les régiments des FDP, s’ils étaient repartis à l’attaque, piétinaient. La faible valeur combattive des nouvelles recrues était un sérieux handicap, et les FDP se battaient pour chaque étage. La progression, quand elle existait, était minime.

De même que la veille, les rebelles s’étaient postés de manière à bloquer tous les axes de progression, mais les loyalistes, avertis par l’expérience précédente, prenait soin de solidement établir leurs positions de replis. Cependant le moral des troupes n’était pas bon, trop de sacrifices étaient exigés de soldats de fortunes qui n’était pas aguerris à ce genre de situation. Le plan, trop complexe, paralysait complètement les efforts des assaillants.

Mais c’était égal à Gabriel. Ce qu’il attendait, c’était le moment décisif, l’instant crucial où il acculerait l’ennemi à la faute en profitant d’une seule faiblesse et en frappant fort ce point de rupture. Jusqu’à présent, son propre plan avait fonctionné à merveille. Il voyait les unités adverses se positionner comme il l’espérait suivant un schéma compliqué. Il savait que la défense tenait car elle jouissait d’une bonne coordination : les unités rebelles étaient poussées comme des pions par le QG adverse qui possédait les combinaisons des loyalistes, et qui ainsi en confiance avançait ses pièces. Mais que la communication soit rompue, et c’était tout l’édifice qui s’effondrait. Il avait amené l’adversaire à dégarnir un flanc en prétendant faire attaquer sa compagnie en renfort du 17ème RDP à un moment précis. Aussi l’adversaire y avait-il cru et avait-il renforcé ce secteur considérablement, en délaissant un autre moins exposé. Du moins le semblait-il…

-Ici Frère Ardael : central communication détruit, groupe d’assaut Severian en progression. Terminé.

Le canal de communication qu’il avait attribué à son second détachement lui retransmettait enfin la nouvelle qu’il attendait. Il se tourna vers Frère Gamélion, et lança rapidement :

-Appliquez le plan bêta. Ordre de mouvement vers le point Dzêta-4 pour toutes nos unités. Exécution !

Il sortit à vive allure et rejoignit son Razorback de commandement, où l’attendait Frère Bethor et ses vétérans. La colonne s’élança à travers les ruines.

Après quelques minutes de route, Gabriel détacha l’escouade d’assaut du Sergent Saariel en éclaireur. Ils allaient aborder la partie par les premiers îlots de résistance ennemis. Une fois ceux-ci passés, plus rien ne s’opposerait à la pénétration du coin blindé de son unité, qui prendrait à revers les points vitaux des défenses ennemies sans qu’elles ne puissent en être averties. Il pouvait deviner les Marines d’assaut s’élever dans le rugissement de leurs réacteurs. Il pouvait s’imaginer la terreur qui se peignait sur les visages des hérétiques qui apercevaient à présent les Anges rédempteurs apportant dans leur sillage bleuté la mort et la destruction par la simple volonté de l’Empereur. Il pouvait voir pour avoir été le témoin de tels combats, quel carnage se déroulait dans les quelques bâtiments tenus par l’ennemi. Et bientôt :

-Zone sécurisée, Frère-Capitaine.

-Bon travail, escouade Saariel. Tenez vos positions, nous ne serons pas long. Rapport des pertes ?

-Frère Alban a été blessé par un tir de missile mais il s’en sortira. Quelques coupures bénignes pour nous autres. Notre effectif et à présent de huit hommes opérationnels.

-Restez en alerte et soyez vigilants. Nous arrivons.

Quelques instants plus tard, la colonne débouchait sur une large place, que dominait une cathédrale gothique, dressée là en l’honneur du fondateur de la colonie, Moïs Jacobinus -le grand-père de l’actuel gouverneur-. De son dernier étage, le sergent Saariel guettait ses Frères qui à présent allaient poursuivre leurs missions. Il indiqua sa position à Gabriel, qui lui attribua un nouveau rôle.

Après cette trouée initiale, un boulevard s’offrait aux Astartes, qui n’avaient plus qu’à combattre un ennemi dispersé et hors d’état de se porter assistance. Un jeu d’enfants… rien ne pourrait se lever face à la fureur des Fils du Lion.

Lorsque les Dark Angels survinrent dans le dos de la poche de résistance, la surprise fut telle que les défenseurs rebelles cessèrent tous tirs pendant plusieurs secondes…

_______________________________________________

Gabriel frappait de taille et d’estoc, de coup droit comme de revers, de gauche comme de droite. Sa colère face à ces pions des Dieux Noirs atteignit son paroxysme en voyant la perversion de certains des mutins et la corruption se répandre à présent au grand jour dans leurs rangs. Absolution n’avait jamais si bien portée son nom. Elle faisait des ravages, découpait avec une égale facilité les modestes armures et les chairs, coupant les membres, éventrant, décapitant tout ce qui tentait de s’opposer à elle et à son talentueux possesseur.

S’étant ainsi débarrassé de toute une escouade, Gabriel laisse son regard embrasser l’ensemble de la scène. Ses hommes agissaient d’une manière bien coordonnée, se couvrant mutuellement, optimisant toujours tous les angles de tirs, ne laissant aucune chance à une riposte. L’avance se faisait avec un chronométrage impressionnant. Ses Frères ne gaspillaient aucune de leurs munitions. Ils laissaient aller leur sauvagerie au corps à corps, leurs épées tronçonneuses déchirant tout sur leur passage. Même les couteaux de combat étaient tirés, et leur lame longue comme l’avant-bras d’un humain normal était à elle seule redoutable. Rien n’échappait à sa morsure.

La panique submergea les défenseurs et en peu de temps ce fut tout le contingent qui prit la fuite devant la volonté implacable des Frères de Bataille. Impitoyables, ces derniers abattaient toute cible, qu’elle menaçât ou non. Le nettoyage de la zone commençait. Par petits groupes, les FDP ratissaient la zone à la recherche d’ennemis embusqués ou qui tentaient de se rallier. Pour leur part, les Space Marines se regroupèrent et se préparèrent à lancer l’attaque dans le flanc droit de la poche de résistance suivante. De proche en proche, ce serait tout le front adverse qui allait s’effondrer sous les attaques rapides et précises, chirurgicales, des Dark Angels.

-Severian à Gabriel !

Le com-link de Gabriel fit entendre un message urgent du Chapelain. Gabriel prit la communication et répondit alors que l’appel retentissait à nouveau, pressant :

-Severian à Gabriel !

-Gabriel écoute.

-Gabriel, cessez immédiatement les combats et lancez vos forces au plus vite que vous pourrez sur le palais du gouverneur. Je vous retrouve là bas. Cet objectif passe par dessus toutes les considérations, code prioritaire Oméga rouge.

Il devait assurément se passer quelque chose d’extrêmement grave là bas. Le code Oméga Rouge impliquait la procédure de désengagement immédiat pour les Dark Angels, et ce, quelque soit la situation tactique, voire stratégique. C’était assurément un ordre qui n’était jamais donné à la légère. Quelque chose avait dû mal tourner, mais malgré toute l’énergie qu’il y mettait Gabriel ne parvenait pas à comprendre quoi. Il retransmis l’ordre à ses Frères.

Sous les yeux ébahis des FDP, les Dark Angels quittèrent la zone des combats pour faire route exactement en sens inverse.

Une voix cria dans le circuit radio du Razorback de commandement :

-Mon Seigneur, ici le Général Gurkmann, du 12ème RDP : où allez-vous, pourquoi nous laisser ainsi ? Mon Seigneur, je …

-Prenez le commandement, répondit laconiquement Gabriel avant de couper le contact.

Il bascula la fréquence et obtint la liaison avec Severian. Ce dernier avec ses Terminators avait déjà regagné le Winged Vengeance.

-Nous sommes en route, arrivée sur le palais dans trois minutes. Que se passe-t-il Frère ?

-J’ai identifié la taupe et nous devons la mettre hors d’état de nuire avant qu’elle ne nous fausse compagnie.

-Transmettez moi le nom qu’elle porte au Conseil.

-Gabriel, il ne s’agit pas de quelqu’un du Conseil. Il s’agit du Conseil.


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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeSam 16 Juin 2012 - 12:29

Génial !
Tu es expert es intrigue à tiroirs !

Vivement la suite...
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeSam 16 Juin 2012 - 20:51

Je viens de tout lire d'une traite et oui c'est super!
Nous attendons tous la suite!
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeDim 17 Juin 2012 - 7:30

Voilà voilà ! Merci à tous pour vos commentaires Wink

Intronisation, Chapitre 9 : Entre deux mondes

Multicolore, dantesque et pyrotechnique. Tel était l’environnement de Gabriel. Ou du moins le percevait-il ainsi. Les choses ne lui paraissaient plus en rien proches d’une quelconque réalité et ce depuis déjà un certain moment. Tout semblait surnaturel ! Ses sens ne lui renvoyaient plus aucuns signaux cohérents les uns avec les autres. L’espace se distordait autour de lui ou aussi bien se contractait à un point tel que l’idée même de progresser à travers cette… illusion… était totalement absurde. Agressés par des flashs visuels d’une intensité insoutenable, ses capteurs n’arrivaient plus à suivre le changement incroyablement rapide des fréquences, aveuglant presque le Dark Angel. Jamais il n’avait été confronté à quelque chose de semblable. Il avait l’impression de rêver plutôt que d’être en mission. Où étaient ses adversaires ? Où étaient ses alliés ? Son objectif ? Vers où aller ? Autant de questions auxquelles les réponses ne venaient pas.

Dans cet univers onirique Gabriel se sentait comme en léthargie. Seule sa volonté l’empêchait encore de se laisser tomber à la renverse, de mettre un genou à terre pour tenter de reprendre son équilibre. Ce simple geste lui paraissait incompréhensible. Comment un acte aussi trivial pourrait-il lui permettre de reprendre pied dans une matérialité tangible ? Tout chavirait sans cesse autour de lui, plus rien d’autre ne le maintenait debout hormis l’inflexibilité qui avait fait le renom du Chapitre.

A travers ce cauchemar, l’Astartes aperçut une ombre plus stable que les autres dans ce décor mouvant. L’ombre esquissa un mouvement gracieux et aussitôt un voile d’obscurité s’abattit sur lui.

____________________________________________

-Gabriel.

Ce nom sonnait de manière étrange aux oreilles de son possesseur. Comme si c’était une bizarrerie qu’il ait encore un nom. Comme si jusqu’à cette réalité là devait être niée. Comme si l’idée qu’un nom puisse désigner cet être ballotté au gré des éléments fut des plus incongrue.

-Gabriel.

Cette voix… cette voix n’avait rien d’humaine, mais semblait être belle malgré cela. Elle suscitait l’envie tant elle était agréable à entendre. Elle était chargée de sagesse et elle imposait sa volonté par le seul fait de parler, comme si ses sonorités renfermaient un pouvoir performatif. Ses appels étaient autant d’invitations à prêter l’oreille. Et il était impossible de ne pas le faire.

-Aigle-Taciturne.

Gabriel sursauta. Ce nom-ci n’évoquait plus rien pour lui, depuis bien longtemps. Il avait disparu de sa mémoire comme banni à tout jamais. Pourtant aujourd’hui il éclatait dans son esprit, il irradiait d’une lumière blanche dans les ténèbres de l’oubli. Il surgissait d’un néant que Gabriel ne soupçonnait même pas, traînant derrière lui un cortège de souvenirs anciens, des souvenirs qui s’imposaient comme s’ils n’avaient jamais disparus. Cette chasse au Grizlours avec l’homme qui fut son père. Ces nuits passées sous les fourrures au fond de la tente familiale. Ces étoiles qu’il contemplait, et ce doigt, son doigt, court et potelé comme un doigt de petit enfant qui se tendait comme pour toucher les astres, comme pour les attraper. Ce corps défiguré par un Kroxivore, étendu sur le sol, labouré par les griffes de la bête. Tous ces souvenirs brillaient à présent dans sa mémoire. On pouvait croire qu’ils ne l’avaient jamais quitté, qu’ils n’avaient jamais cessé d’être là. Et pourquoi pas ? Cette inspiration soudaine pris une allure d’évidence à Gabriel. Ils avaient toujours été là. Ils étaient dans son esprit.

-Sors de mon esprit, sorcière ! hurla-t-il au vent.

-Sorcière, moi ? En rien ! répondit la voix, un brin condescendante. Les gens de ta race me nomment prophétesse, dans votre langue. Mais ce terme ne saisit pas toute mon essence. Je suis celle qui voit. Et qui sait.

-Qui que tu sois, tu ne parviendras pas à amoindrir ma volonté.

-Le penses-tu vraiment ? Ou n’est-ce qu’une parole pour te rassurer toi-même ? questionna la prophétesse avec une nuance d’ironie.

-Tu ne sais rien. Je ne rentrerai pas dans ton jeu.

-Ah bon ? Et pourtant ne t’ai-je pas appeler par ton nom, par ton vrai nom ?

-Mon seul nom est Gabriel, sorcière.

-Tu mens, Aigle-Taciturne. Tu as eu un autre nom. Je l’ai lu comme à livre ouvert dans ta mémoire.

-Aigle-Taciturne est mort. Si tu sais tout tu devrais le savoir. Gabriel est né de sa mort.

-Et pourtant je n’ai rien inventé de ce que tu t’es complu à revoir. Tout était gravé dans ton esprit comme dans un bloc de granit. Tu n’as eu de cesse de te duper toi-même pendant toutes ces années.

-Tout cela est mort avec ce que j’étais avant, je te l’ai dit sorcière. Pourquoi s’acharner ?

-Ne t’abuses pas toi-même, Aigle-Taciturne. Ces souvenirs sont là parce que tu n’as jamais vraiment voulu les chasser de ton esprit.

-Tu me déçois pour quelqu’un qui se dit omnisciente. Tu devrais savoir que rien ne disparaît d’une mémoire, et que pourtant nous ne nous rappelons jamais de certaines choses.

-Pauvres mon-keigh. Vos facultés sont à ce point limitées que vous ne pourriez effacer à jamais un souvenir ? Quelle erreur. Ce ne sont pas vos limites psychiques mais celles de votre entendement qui vous brident. Malgré cela vous êtes tout aussi capables qu’un eldar de vider votre mémoire de ses souvenirs, seulement vous ne vous le ferez jamais consciemment tant qu’aucun de vous n’aura réussi à le faire et à l’enseigner.

-Si ta brillante démonstration visait à me faire croire que je ne voulais pas oublier quoi que ce soit d’Aigle-Taciturne, je crains fort que tu ais manqué ton but, xenos.

-Vraiment ? Et pourtant tu dois bien te souvenir à présent que tu l’as revu, que ton père était la risée des chasseurs de la tribu ? Qu’il était rossé régulièrement et qu’il se vengeait sur sa femme ?

-« Mon » père peut avoir été tel que tu le décris comme il peut avoir été un grand chef, comme il peut n’avoir été rien de tout cela. Je n’ai jamais eu de père autre que l’Empereur de l’Humanité. Aigle-Taciturne eut bien un tel père, oui, mais cela n’a absolument aucune espèce d’importance pour moi.

-Tu mens encore une fois.

Gabriel décela une nuance de colère ou d’impatience au fond de la voix.

-Tu mens quand tu affirmes cela, reprit-elle, et tu mens à nouveau quand tu dis que tu as tout oublié. Comment un humain pourrait-il oublier l’émotion de voir sa mère réduite à un tas de chair informe et infâme ? Comment un humain pourrait-il oublier la douleur, le désespoir d’une telle disparition ? Comment oublier toute l’amplitude de la colère à l’égard d’un homme qui a poussé sa femme à se jeter par misère sur une bête sauvage ? Comment le pourrais-tu, toi, que l’on a surnommé Aigle-Taciturne après cet évènement ?

-Tes efforts ne te mèneront nulle part, sorcière. Tout cela n’a plus aucun sens pour moi. Je suis Gabriel, Frère de bataille des Dark Angels, et pas un autre. Tu n’as aucune prise sur moi et tes assauts sont pathétiques.

Un cri de rage fut la seule réponse à la cinglante répartie de Gabriel, et le même voile qui déjà s’était abattu sur sa conscience se répandit à nouveau sur son esprit.

_____________________________________________

-Tu as peur.

Dans la brume de ses pensées, Gabriel entendit semblable à un écho la voix de la prophétesse revenir à la charge. Tout tournait toujours autour de lui, il avait la sensation que son esprit était séparé de son corps, qu’il pouvait flotter tout en se regardant flotter, de même qu’une tierce personne aurait pu l’observer. Rien n’était stable mais au contraire tout était déséquilibre. Et c’était à travers ce brouillard des sens que l’eldar se portait à l’attaque.

-Tu as peur.

-Les Space Marines ne connaissent pas la peur. Ils sont la peur.

-Belle réplique mais trop orthodoxe à mon goût. Au fond de toi quelque chose te fait peur, je peux en sentir le goût âcre à travers tes pensées.

-Tu te heurteras à un mur comme la fois précédente, la veille, sors de mon esprit !

-La veille ? Certes, selon vos standards tu peux me qualifier ainsi. Ta remarque suinte la peur que je ne trouve quelque chose au fond de toi. Tu te trahis, Gabriel.

-Si tu m'appelles par mon nom, c'est que tu concèdes ta défaite, misérable xenos.

Une nouvelle gifle psychique et Gabriel sombra dans le noir.

________________________________________________

-C’était un Ange Déchu.

A nouveau, l’eldar persiflait dans son crâne. Dans cette sorte de comas dans lequel il était plongé, le son et la délicatesse de la voix le rattrapait dans la vertigineuse chute que Gabriel semblait faire, sans qu’il ne lui soit possible de s’arrêter d’aucune façon ou de rencontrer quelque obstacle qui y mette fin.

-Je ne vois pas de quoi tu parles.

-Bien sûr que si, au contraire. Cet Astartes sur Ellébore, qui portait cette armure noire si ancienne, frappée aux armes de tes frères, bien sûr que tu t’en souviens.

-Aucunement.

-Oh que si, tu t’en souviens, et je lis à travers tes pensées que tu as souvent cherché des réponses, bien que tu n’ais jamais interrogé quiconque de tes frères à ce sujet. Cette réponse je la connais, et je te l’ai donnée.

-Je n’en crois rien, infâme xenos.

-Mais si, au fond de toi tu sais que j’ai raison. Sinon comment expliquer la vieillesse de l’armure, comment expliquer l’épée ailée de ton Chapitre qui l’orne ? Ne t’ais-tu pas déjà fréquement demandé pourquoi personne n’en parlait jamais, et pourquoi tu as su d’instinct qu’il ne fallait pas en parler ? N'est-ce pas ?

-Tu cherches à nouveau une prise sur moi, en me faisant perdre la raison. Tu n’y arrives pas.

-C’était un Ange Déchu, Gabriel, un des compagnons du Lion qui l’ont trahis après la Grande Croisade, quand le petit prophète que vous appelez l’Empereur a triomphé de celui que vous nommiez Maître de Guerre.

-Aucun des Dark Angels n’a jamais trahi. Nous sommes les Aînés des Legio Astartes, nous sommes les Prétoriens de l’Empereur. Aucune légion n’a jamais été aussi fidèle à notre Père. Ce que tu prétends n’est qu’un tissu de mensonge.

L’influence maligne de la prophétesse s’étendait malgré tout plus loin que Gabriel ne l’eut voulu. Les questions qu’elle soulevait n’étaient pas sans valeur. En fait, elle n’avait rien fait d’autre que de lui relire ce que lui-même avait écrit dans une partie de sa mémoire et voulu oublier sans y parvenir. Elle excavait à présent ces douloureuses interrogations des tréfonds de sa conscience. Il ne parvenait pas cette fois à trouver de solution pour contrer cette attaque.

-La moitié de la Première Légion a trahi son Primarque parce que celui-ci avait déjà semé en son sein depuis longtemps les germes de la trahison que sont défiance et secret. Luther, son frère de sang et son meilleur ami, n’a eu qu’à faire pousser ces graines. Oseras-tu prétendre que la défiance et le secret n’ont pas de place dans ton âme ? Que toute ton éducation ne t’a pas préparée lentement à intégrer la possibilité d’une telle trahison ?

Tout était noir autour de lui. Gabriel n’avait plus d’armes pour lutter. Malgré l’horreur qu’il y avait à le reconnaître, il percevait intuitivement que tout ce que lui disait la sorcière était vrai. Cela allait pour lui au-delà de l’entendement et pourtant il savait qu’elle avait raison. Cette fois-ci, la xenos allait gagner son combat.

-Jamais ! hurla Gabriel. Jamais, tu entends ! Tu ne me feras pas céder ! Je refuse de t’écouter !

-Tu le refuses parce que je te fais mal, et je te fais mal parce que j’appui sur un fer que tu t’ais toi-même planté dans le cœur. Tu as perdu ta belle arrogance, n’est-ce pas ? N’est-ce pas là la preuve la plus éclatante que j’ai raison ?

A bout de souffle, le Dark Angel ne savait plus que répondre. La fatigue de tout son être était venue à bout de sa volonté. Il allait céder quand un sursaut d’orgueil lui fit relever la tête.

-Le xenos usera de tous les moyens pour détruire l’Humanité, récita-t-il, la violence tout comme la trahison sont ses armes. Défiez-vous de ses mensonges, combattez le fer par le fer, combattez le feu par le feu. Le xenos usera de tous les moyens pour détruire l’Humanité. Tu ne m’auras pas, sorcière ! Seule ma volonté me guidera et soutiendra mon corps meurtri. Tu ne la détruiras pas.

-Et pourtant je l’ai vu de mes yeux. N’as-tu pas reconnu toi-même que j’étais vieille ?

-Tout cela n’est qu’un fatras de mensonges, tout cela n’est qu’un écheveau machiavélique dans lequel tu me pousses et dans lequel la fatigue que tu m’as infligée a presque réussi à me faire tomber. Mais tu as encore échoué. Ma volonté est plus forte que tes élucubrations !

Un nouveau cri de rage explosa dans son esprit et il lui semblait que son cerveau allait éclater sous la violence sonore, que toute son âme allait se volatiliser aussi simplement qu’un coup de vent balayerait une fumée. Gabriel adressa une prière à l’Empereur et se recommanda à lui. Au fond de l’horizon de ténèbres qui brillait devant ses yeux, il vit une lumière, qui allait grandissante, grandissante, s’approchant à une vitesse hallucinante de lui. L’Empereur l’accueillait dans sa bénédiction…

-Gabriel !

La voix était lourde, grave, puissante. Elle ne ressemblait plus en rien avec celle de l’eldar. Elle était bienveillante.

-Gabriel ! Ah ! Enfin tu ouvres les yeux, Frère ! Je n’y croyais plus !

Une lumière crûe lui sauta au visage, l’aveuglant complètement. Plissant les yeux, il distingua une forme sombre, massive et qui semblait penchée sur lui. Sa vue mit un certain temps à s’ajuster à la luminosité. Enfin, il reconnu l’Apothicaire Gideon. Derrière lui, un carrelage de larges dalles blanches reflétait le puissant éclairage des néons. Il reconnaissait cette salle. Elle se trouvait dans les ponts-hopitaux du Wing Vengeance.

-Bienvenue parmi les tiens, Gabriel.

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeDim 17 Juin 2012 - 11:24

Etrange, déroutant, intriguant...

JE lirai toujours plus vite que tu écriras ^^.
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeJeu 30 Aoû 2012 - 10:03

La Traque ch 08 : Bas les masques !

Pendant quelques instants, Gabriel resta muet de surprise. Le gouverneur planétaire Jacobinus ! Le Conseil d’Etat-major Général ! Tous des traîtres !

-Severian à Gabriel, Severian à Gabriel !

Sortant de sa torpeur, il recouvra ses esprits et, s’étant ressaisi, répondit :

-Ici Gabriel, j’écoute.

-Nous allons nous redéployer à l’intérieur du palais afin d’établir une tête de pont dans l’angle Sud ouest. Nous allons recalibrer nos instruments sur la balise du palais et…

-N’en faites rien, ils vous enverraient au diable vauvert en réatribuant les codes de la balise à une autre, puis en changeant les leurs. Il va vous falloir sauter à l’aveuglette, nos escadrons d’attaque ne peuvent revenir assez vite. Que l’Empereur vous garde, Frère-Chapelain.

-Je prierai pour vous aussi, Frère-Capitaine. Gardez le contact.

Gabriel laissa le canal de communication ouvert, lança un avertissement à ses hommes en vue d’un possible contact hostile, puis se rassit afin de réfléchir à ces révélations. Ainsi donc l’intuition qui avait précédé la première contre-attaque était juste ! Les grandes purges lancées par le gouverneur au sein de ses forces armées visaient non pas à éliminer les traîtres mais les loyalistes. A présent, il n’allait plus guère pouvoir compter sur le soutien des unités stationnées en Provinces. Ah ! Il s’était fait rouler comme un novice par ce Jacobinus. Celui-là cachait diablement bien son jeu. Comment ! Il organise une rébellion contre son propre pouvoir, il organise sa propre destitution, de se faire disparaître et de réapparaître aux commandes d’un Etat planétaire sécessionniste et indépendant de l’Imperium ! Il voit sa belle mécanique grippée par l’arrivée impromptue des Dark Angels, et au lieu de se confondre, il improvise avec une belle assurance toute la comédie en un temps record ! Il prend évidemment soin de supprimer les témoins gênants (ainsi c’était bien lui qui avait donner l’ordre de broyer le précédent chef d’Etat-major), quitte à sacrifier son complice, ou un autre innocent, afin de donner plus de crédibilité à son personnage de parfait gouverneur impérial. Et alors qu’il doit remettre en question toute sa conjuration, il échafaude un plan pour faire disparaître la menace des Astartes, que Gabriel parvenait à nouveau à faire échouer !

Ce dernier fut soufflé par le talent de comédien de son adversaire. Il avait cru jusqu’à la fin à son dévouement. Quoi ! Il pensait avoir bluffé le gouverneur en prétendant partir si la situation se dégradait trop (c’était mal connaître la volonté d’adamantine pour laquelle le Chapitre était renommé) et voilà que le traître le bluffait lui, le bluffeur ! Car enfin, c’était une véritable aubaine pour cet homme pourri de l’intérieur que de voir ses pires ennemis lui laisser la voie libre vers le pouvoir suprême. Et avec quelles lamentations il avait accueilli l’ultimatum ! En réalité il avait dû jubiler à l’idée qu’une fois ses « défenseurs » repartis, il n’y aurait plus aucune troupe en état de défendre la capitale, et toujours grâce aux Dark Angels. Ce traître n’était qu’un hérétique mais il fallait bien reconnaître que c’était un hérétique d’envergure.

Il avait sans doute été bien conseillé par le Déchu qu’il était venu chercher. Quels étaient ses rapports avec les conjurés ? Avait-il simplement envie de prendre la planète sous son contrôle, sans trop attirer l’attention toutefois ? Ou bien cherchait-il à atteindre un autre but ?

La deuxième question qui taraudait l’esprit de Gabriel était celle-ci : le Déchu avait obligatoirement intégrer la menace que faisait planer sur la rébellion la 3ème Compagnie. Le raid de la Raven Wing et les informations qu’elle ramenait prouvait qu’il avait sous-estimé l’ampleur de la menace, et la rapidité d’action de ses anciens Frères. Mais en revanche, comment un ancien Dark Angel avait-il pu faire l’erreur de croire que les Fils de Lion el'Johnson abandonneraient la planète à son sort si la situation était défavorable ? Lui qui avait combattu jadis au côté du Lion, il avait profondément ancré dans ses gênes cette indéfectible obstination qui poussent les Dark Angels à tenir envers et contre tout. C’était profondément inquiétant. Assurément une telle bourde était impossible, et mathématiquement il devait y avoir autre chose -une arme, un artefact ancien, n’importe quoi- qui puisse lui donner le moment venu la force d’abattre tout le contingent dans son ensemble.

-Severian à Gabriel. Sommes sur l’objectif, sécurisation du secteur en cours.

-Très bien, tenez bon. Nous serons là dans deux minutes à peine.

Ces deux minutes n’étaient pas achevées que le Grand Maître et sa colonne débouchaient sur la Grand-Place par l’angle Sud-Ouest. Aucune réaction ne survint. Severian et ses vétérans en avaient terminés. Gabriel donna ses instructions et ses escouades se répartirent le long des axes qu’il leur avait attribués. Quelques tirs sporadiques claquèrent, puis les détonations allèrent crescendo à mesure que les Frères de Bataille avançaient dans les couloirs du bâtiment. Des corps démembrés jonchaient le sol tout au long du chemin parcouru par les différents groupes d’assaut. L’escouade Saariel gagna les toits du bâtiment, neutralisant les emplacements d’armes lourdes qui commandaient les rues adjacentes. Puis ils descendirent à leurs tours le long des coursives puis des couloirs en direction du centre du palais, semant la mort sur leur passage.

La résistance s’avérait beaucoup plus coriace que ce qu’ils avaient eu à affronter jusqu’ici. Elle n’était pas suffisante pour stopper la colère des Dark Angels mais tendait à creuser des vides dans les escouades. Lorsque Frère Ramilles fut mis hors de combat à son tour, Gabriel compta mentalement que c’était le quinzième membre du Chapitre qui donnait son sang pour sauver cette petite planète de la corruption. Ses futurs nouveaux citoyens auraient intérêt à se montrer digne de l’honneur que leur faisait l’Imperium.

Des projectiles explosèrent à quelques centimètres de l’officier. Il n’était plus très loin du Bunker central que défendait âprement la garde personnelle de Jacobinus. Des bolts ! La lutte devenait vraiment féroce. Il saisit l’une des grenades qui pendaient à sa ceinture, la détacha, l’arma puis la lança derrière la barricade en ayant pris soin de ne la lâcher qu’au dernier moment. Elle explosa dans les airs immédiatement après avoir passé par dessus les sacs de sables. Ses éclats déchiquetèrent tous les défenseurs.

Gabriel s’élança à l’attaque. Devant lui dans la pénombre, il aperçut une lueur bleue qui allait blanchissante. Il distingua dans la cacophonie du combat le chuintement caractéristique du lance-plasma que l’on réarmait. Il plongea à couvert mais c’était trop tard. Le coup partit et la boule de feu l’atteint au bras gauche, le brûlant affreusement. Sous la force de l’impact il fut projeté au sol et s’étala à terre. Bethor expédia un bolt à l’agresseur, et la tête de ce dernier se volatilisa, pendant que Gideon, l’apothicaire de la Compagnie, se précipitait vers lui. Déjà Gabriel se relevait, péniblement, les sédatifs et les drogues de combat que lui injectait son armure l’aidant à supporter la douleur. Déjà le médic l’auscultait.

-Votre bras est dans un sale état, Frère Capitaine. Vous devriez abandonner le combat le temps que je puisse établir les meilleurs diagnostiques et vous soigner.

-Foutaises ! Je ne vais pas laisser mes hommes avancer sans les mener vers la victoire. Donnez-moi ce que vous avez de plus puissant comme anesthésiant, et on s’occupera de tout cela plus tard.

Gabriel s’arracha de l’angle où il s’était mis à l’abri, jeta un œil à son bras, qui, effectivement, avait beaucoup souffert, et s’élança à nouveau au combat. Il marmonna une bénédiction à l’Empereur qui avait fait en sorte que ce ne fut pas un fuseur qui l’eu touché. Sans quoi son bras y passait, et peut être même Gabriel lui-même…

Malgré la souffrance, que les drogues n’arrivaient pas à juguler suffisamment, il broya de son poing le crâne d’un des gardes du corps, et taillada à l’aide d’Absolution tout ce qui n’était pas aussi grand que lui. Après plusieurs minutes d’un indescriptible corps à corps, ses hommes et lui, auxquels s’étaient adjoints les vétérans du groupe d’assaut Severian, liquidèrent toute résistance. Ils se trouvaient à présent devant une large porte blindée, bardée de barres de sécurité d’une taille conséquente. Derrière elle, se terraient les chefs de la sédition, qui avaient pris la précaution de changer les codes de la serrure.

-Torvael, vois donc si ton poing tronçonneur ne peut pas venir à bout de ce morceau de ferraille.

Le vétéran, engoncé dans son énorme armure tactique Dreadnought, actionna la chaîne de son gantelet énergétique renforcé. Il s’attaqua aux barres et les fit céder les unes après les autres. En revanche son poing ne put enfoncer la porte elle-même.

-L’alliage est trop résistant, Frère Gabriel.

-Ca n’est pas ça qui va nous arrêter. Clostermann, apportez moi une de vos bombes à fusion, et garez-vous tous !

Il la mit en place, arma le mécanisme et couru se mettre hors de danger. Dans un fracas assourdissant, maintes fois amplifié par l’écho que répercutaient les couloirs de béton, la porte vola en éclat. Gabriel le premier passa à travers les fumerolles qui s’élevaient et des bouts de métaux tordus qui grésillaient encore. La vision de ce géant enveloppé de brouillard, le bras gauche noirci et dont l’armure d’un vert sombre étincelait à la lueur des tisons, avait quelque chose d’apocalyptique. Il fut suivi par Severian, dont l’armure terminator le rendait plus gigantesque encore. Puis bon nombre d’Astartes investirent la salle, cernant les hauts-conseillers rebelles.

Stoïque, bien qu’il sut pertinemment que sa mort était inéluctable, Jacobinus se redressa et soutint le regard de son vainqueur. Ce geste seul aurait pu mettre un terme de manière plus précoce encore à sa vie, mais Gabriel se contenta de sourire, puis de prononcer.

-Mes compliments, Jacobinus. Vous avez joué et perdu mais vous avez su le faire avec brio et maestria. Je vois que vous connaissiez votre sort mais que l’honneur qu’il vous reste vous a inculqué de ne pas flancher à la facilité du suicide, et d’assumer jusqu’au bout les conséquences de vos actes. Il est dommage que vous ayez cédé à l’appel des puissances de la ruine, vous eussiez pu devenir un célèbre, loyal et méritant serviteur de l’Empereur, tout comme votre grand-père Moïs.

-Mon grand-père Moïs n’a pas à être déçu. Je n’ai pas démérité. Il voulait qu’Ana-Purna devienne une grande et glorieuse planète et c’est ce qu’elle aurait fait sous mon égide, à l’aube d’une nouvelle ère.

-Vous vous êtes fourvoyé, Jacobinus. Il n’y a pas de gloire à servir des maîtres qui ne cherchent qu’à asservir l’Humanité pour mieux l’exterminer ensuite. Votre grand-père Moïs avait eu la vision d’une grandeur au sein de l’Imperium et il avait donné les moyens à cette planète d’y parvenir. Mais à présent que sa capitale a été dévastée et une bonne part de ses moyens de communication et de commerce détruite, il lui faudra au moins un siècle pour parvenir à la prospérité. Emmenez-les ! ajouta-t-il à l’adresse de ses hommes.

-Je ne me suis pas fourvoyé, Astartes ! J’ai consciemment fait le bon choix. On m’a appris ce qu’était que la réalité des choses. Nous combattons contre ce qui nous sauvera pour un être qui ne peut rien pour nous !

Gabriel arrêta in extremis le geste de Severian, qui s’apprêtait à mettre à mort l’impudent. Il lui fit comprendre que, bien que Jacobinus osa le défier effrontément et blasphémer contre l’Empereur, il exigeait d’avoir les mains libres. Il ordonna à son escouade de mener les autres prisonniers vers les rhinos de la Compagnie afin qu’ils soient mis aux fers sur le Winged Vengeance. Néanmoins, Frère Bethor sollicita la parole, qui lui fut accordée. Il lui annonça l’arrivée imminente de renforts, menés par l’Inquisiteur Otto Von Didakt, de l’Ordo Malleus. Ils provenaient de la planète voisine de Stella 7, et se montaient à trois régiments dont un blindé. Des renforts considérables, qui viendraient facilement à bout des RDP qui refuseraient de se soumettre aux investigations de Von Didakt. La partie était gagnée.

Resté seul, le trio que formaient Severian, Gabriel et le traître reprit la discussion.

-Je sens de la rancœur chez vous, Jacobinus. Videz votre sac ! Vous vous savez condamnez alors profitez de l’occasion pour déverser votre fiel…

-Et comment ! Moïs n’avait rien compris ! Mais moi j’ai saisi la vérité, il me l’a révélé. L’Empereur est agonisant, et il ne fait rien pour nous aider. Il n’a aucun pouvoir, pas d’autres pouvoirs que ceux qu’il s’est attribué, et grâce auxquels il nous exploite ! L’Empereur ne nous sauvera pas face aux dangers qui nous menacent en permanence. Il refuse les pouvoirs et les forces que peuvent nous offrir le Warp pour nous défendre. Au lieu de cela, il supprime toutes les preuves ! Son pseudo catéchisme impérial en est la preuve : je n’ai pas voulu croire ses paroles jusqu’à ce qu’il m’apprenne pourquoi l’on a enlevé ma sœur aînée à l’âge de 8 ans. C’est un des Vaisseaux Noirs de l’Inquisition, qui a emmené cette enfant innocente, et dans quel but ? Afin qu’elle serve de pâture à une momie nécrophage, un Dieu-cadavre, un mort vivant qui se repaît des âmes d’innocents afin de survivre ! Je crache sur cette ignominie qui n’apportera que la ruine à l’Humanité !

-Encore une fois, vous avez tort, Jacobinus. L’Empereur, dans sa sagesse infinie, a refusé toute compromission avec l’Empyrean, car il en connaît la vraie nature ; le Warp n’apportera que la mort et la destruction.

-A ceux qui l’auront refusé, oui ! Pas à ceux avec qui ‘il aura fait alliance. La galaxie est une vaste jungle où seul le plus fort survivra. Nous devons accepter tous les alliés, peu importe que la moitié de la race humaine périsse ! Seuls les forts survivent ! Vos propres frères eux-mêmes ne l’ont-ils pas compris ?

A peine eut-il achevé qu’il alla s’écraser plusieurs mètres plus loin, sur des pupitres de commandes, le visage défoncé. A travers les os broyés par le poing de Gabriel, son cerveau lentement coulait en une immonde bouillie. Cependant un filet de vie semblait encore s’attacher aux restes infâmes. Il sembla que sa mâchoire voulu articuler quelque chose, lancer une dernière parole de défi, mais elle se figea sans qu’aucuns sons n’en sortit plus. Il était mort.

-Beau travail, Capitaine Gabriel, siffla Severian sur le canal privé. Avez-vous eu ce que vous cherchiez ? ajouta-t-il en maugréant méchamment.

-Bien plus que vous ne le pensiez, Frère Severian, répondit Gabriel avec une pointe d’humour…

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeJeu 30 Aoû 2012 - 14:36

Toujours une immense plaisir de te lire.

Vivement la suite.
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeJeu 30 Aoû 2012 - 16:36

C'est vraiment très agréable à lire, très bonne histoire avec un scénario très intéressant!
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeLun 10 Sep 2012 - 11:05

Intronisation, ch 10 : Durganion XIII

Lorsque Gabriel évita une énième attaque de griffes tranchantes comme des lames de rasoir et éventra d’un bolt dans l’abdomen l’honni xenos, il compta mentalement qu’il s’agissait de son septième adversaire tué depuis le début de l’engagement, une poignée de minutes auparavant. Le corps à corps était d’une rare violence, demandant des réflexes fulgurants aux Astartes face à l’habilité surnaturelle des Tyranides. Déjà trois frères de bataille étaient à terre, moins prompts ou submergés par le nombre de l’essaim qu’ils affrontaient. Malgré tout, les Dark Angels tenaient et ne cédaient en rien devant la masse grouillante. Gabriel déchira d’un large revers d’épée tronçonneuse quelques membres dans des geysers de fluides visqueux. La chaîne tournait à toute vitesse, dans un sifflement vengeur et vindicatif.

-Et de dix ! se dit-il.

-Ici Espertas. J’engage le dernier gros. Gabriel, tu me couvres.

Gabriel acquiesça par radio, et se tailla un chemin à travers la foule compacte des gaunts afin de rejoindre son Sergent. A bout portant, et sur des opposants aussi peu résistants, les ogives dévastatrices que tirait son pistolet bolter prélevaient un lourd tribut à l’Empereur parmi les abominations xenos. Il progressa vaille que vaille et seconda Espertas du mieux qu’il put. Ce dernier affrontait un rôdeur qui semblait maintenir le contrôle de la horde de gaunts. Le Sergent était un excellent bretteur, et en remontrait à la bête. Après quelques secondes de duel, deux des quatre bras manquaient à l’extra-terrestre, tranchés par une lourde frappe de taille. Le Dark Angel fit une rapide feinte à gauche, et l’instant d’après son épée énergétique équarrissait à nouveau le rôdeur, l’amputant d’un membre supplémentaire. Pourtant, le match n’était pas conclu et une attaque du Tyranide emporta au loin son casque, taillant une balafre supplémentaire le long de sa tempe. A peine secoué par le coup, Espertas empala littéralement le monstre, lui faisant passer toute la longueur de sa lame à travers le corps. Dans un cri rauque d’agonie et un désagréable crissement d’écailles, le tyranide s’effondra au sol.

La perte de leur leader désorienta le reste de l’essaim tyranide, les gaunts s’égaillant au hasard. Ils n’offraient plus grande résistance aux Astartes qui abattirent les survivants. Deux des marines préfèrent se porter au secours de leurs frères plutôt que de participer à la curée. Par le canal de compagnie, Espertas appela sur place l’Apothicaire Gidéon.

_________________________________________________

L’escouade Espertas revint au camp de base de la Troisième Compagnie une fois sa patrouille accomplie dans le secteur dzêta. Le rhino sommairement médicalisé qui avait amené Frère Gidéon était rentré depuis longtemps. Frère Ramirez, plus sérieusement touché, avait été transporté par Thunderhawk jusqu’aux ponts médicaux du Winged Vengeance, accompagné par l’Apothicaire qui allait devoir œuvrer de son mieux pour stopper les abondantes hémorragies dont souffraient l’Astartes. Les deux autres Marines pouvaient rester à l’infirmerie de campagne dressée sur la planète, leur état de santé ne requérant que les soins dispensés par les serviteurs Medicae. Quintus, le jeune apprenti de Gidéon que l’Apothecarion avait détaché auprès de ce dernier le temps de la campagne, supervisait toutes les opérations de l’officine quand Gidéon était absent, et se formait auprès de son maître quand ce dernier était de retour. Après avoir pris connaissance de l’état des blessés sur les feuilles de soin affichées non loin de leurs lits de camp, Gabriel s’approcha du médecin néophyte.

-Salutation novice Quintus ! entama-t-il.

-Salutation, Frère Gabriel ! salua l’autre en retour. Que me vaut l’honneur de votre visite ?

Le novice portait un large tablier blanc maculé de sang en maints endroits par-dessus son treillis réglementaire et son armure légère de scout. Gabriel pensa quelques secondes au temps où il avait porté la même. Quintus lui aussi avait été scout, et comme tel avait participé à de nombreuses campagnes au sein de la Dixième Compagnie, mais avait marqué un intérêt grandissant pour tout ce qui touchait à la médecine et aux soins de ses compagnons. Il s’était même illustré durant la campagne de Therion en secourant son propre Sergent, Frère Lachès, durement blessé pendant une escarmouche. Le fait qu’il ai réussi à stabiliser l’état de son instructeur et contribué à son extraction avait probablement sauvé la vie du vétéran. Un crâne d’or sous lequel était gravé les noms « Lachès » et « Therion » dans un cadre d’argile rappelait ce glorieux acte de courage. La récompense était apposée à droite de l’Helix Premier, l’insigne des Apothicaires, sur l’épaulière droite. Par conséquent, ses affinités avec la médecine et la chirurgie avait retardé son ordination en tant que Frère de Bataille, pour suivre une formation plus poussée au sein de l’Apothecarion. Une fois celle-ci achevée, il serait versé dans une escouade combattante et devrait faire preuve de ses qualités et de son courage, afin de démontrer sa valeur et intégrer enfin une escouade de commandement, gagnant ainsi la place privilégiée d’Apothicaire de Compagnie. Mais dans l’immédiat, Quintus acceptait humblement sa position d’aide de Gidéon et profitait avec enthousiasme des leçons que ce dernier inculquait à son protégé au fur et à mesure des interventions.

Gabriel jeta un rapide coup d’œil à la ronde. L’infirmerie était déserte, si l’on exceptait les quelques blessés qui étaient maintenus en animation suspendue grâce à leurs membranes cataleptiques, afin de récupérer plus vite de leurs blessures.

-Quintus, tu étais avec nous lors de l’opération de l’Amas de Paroth ?

-Vous voulez parler du nettoyage xenocide que nous avons mené conjointement avec la marine impériale dans ce champ d’astéroïde il y a quelques semaines ?

-Exactement.

-J’ai eu l’honneur de suivre maître Gidéon au même titre qu’aujourd’hui, en effet, Frère Gabriel.

-Etais-tu là quand on m’a ramené après notre affrontement face aux psykers eldars ?

-Assurément, Frère Gabriel, et vous étiez dans un sérieux état. Maître Gidéon a dû faire de gros efforts pour vous tirer de votre coma.

-J’ai certainement déliré, n’est-ce pas ?

-Etrangement non, Frère Gabriel. J’ai été de veille la plupart du temps que vous avez passé dans cet état, et je ne me souviens pas vous avoir entendu dire quoi que ce fut. Pourquoi cela ?

-Frère Severian dit souvent qu’il faut connaître ses peurs les plus secrètes pour les affronter. J’aurais souhaité savoir si j’avais dit quelque chose inconsciemment, afin que je suive l’enseignement de notre révéré Chapelain Investigateur.

-Alors priez l’Empereur qu’il vous envoie au plus vite la pire des bestioles qui hantent cette planète, Frère Gabriel. J’aurai plaisir à vous faire savoir tout ce que vous aurez bien pu raconter durant votre prochain coma ! C’est que, pour autant que j’ai eu le loisir d’en juger, vous êtes un de nos plus fidèles alités !

Gabriel s’amusa aussi de la remarque que l’infirmier avait lancé avec un large sourire. Qunitus était non seulement un guerrier très prometteur comme le prouvait son crâne d’or, récompense extrêmement rare pour un novice, mais aussi un médic talentueux. A cela il joignait une amabilité de tous les instants, un dévouement à sa tâche infaillible et un sens de l’humour qu’il ne manquait pas d’utiliser pour apaiser ou rassurer ses patients. Il quitta le novice avec le sourire. Mais pas seulement. Le soulagement tenait également une bonne place dans sa bonne humeur.

Tout en se dirigeant vers la sortie de la pièce, Gabriel songea aux terribles paroles que la prophétesse eldar avait proféré à son esprit lors de la précédente campagne. Elles n’avaient guère cessé de le hanter depuis tout ce temps, à chaque fois que la fureur des combats s’estompaient pour quelques moments de repos et de récupération. Gabriel n’avait qu’une terreur : que quelqu’un s’aperçoive qu’il savait plus de choses qu’il n’aurait dû. Le jeune Dark Angel n’avait pas oublié l’interrogatoire en règle auquel l’avait soumis Severian peu après l’assaut sur Ellébore durant son noviciat. Instinctivement, il avait su qu’il fallait absolument caché ce qu’il avait vu à son mentor. Expliquer pourquoi ne lui était pas possible. Son mutisme n’avait fait qu’augmenter avec le temps. Ses talents d’observateur lui avaient fait remarquer certains petits détails révélateurs, quelques petits faits troublants ou inquiétants. Depuis, sa conviction qu’il devait se taire n’avait fait que croître. Sa situation n’avait donc pas grand-chose d’enviable. Tiraillé entre ce malaise constant qui lui implorait de confesser ses désarrois et ses troubles à un Chapelain, et cette intuition inhibitrice qu’agir en ce sens revenait à se condamner soi même à la mort et à la damnation, Gabriel ne savait que faire. De telles interrogations pouvaient l’emporter sur des chemins obscurs et périlleux, ou lui être fatales dans un moment de doutes. Malgré toute sa volonté, malgré tout son conditionnement, les paroles de la xenos l’avait ébranlé. Pareille situation pouvait se reproduire, et il lui était impossible de prédire si cette fois-ci le bouclier de sa foi tiendrait le choc. Lentement, très lentement, le doute s’installait à son esprit, minait petit à petit le mur que le Chapitre et ses enseignements avaient élevé autour de son esprit. Le fils du Lion redoutait de céder et de s’effondrer au moment critique, mais il le redoutait moins pour lui-même que pour son escouade. Sa faiblesse risquait de tous les mettre en danger. Face à une telle menace, les seules ressources qui s’offraient à Gabriel étaient les siennes. Comme il venait de le rappeler à Quintus, son mentor Severian disait fréquemment dans ses sermons qu’il incombait à tout Dark Angel de connaître ses peurs secrètes et de les affronter. Il savait qu’il allait devoir puiser au plus profond de lui la force qui lui permettrait de triompher de cette peur. Toute la question était de savoir s’il avait les réserves suffisantes…

Tout à ses réflexions, Gabriel sortit de la pièce. Il se retrouva dans un large hall dont les murs étaient percés de grandes baies gothiques. Quelques trous d’impacts venaient ouvrir les murs plus ou moins anarchiquement. L’ancienne station de recrutement de Durganion XIII avait connu des jours meilleurs. Pourtant, elle continuait d’étirer son complexe de couloirs, de salles, de terrains et d’arsenaux sur plusieurs kilomètres carrés. Choisie comme camp de base par Belial dès les premiers instants de la purge, elle remplissait à merveille le rôle que le Grand Maître lui avait réattribué. A même d’héberger, de soigner et d’entretenir hommes et matériels de la Troisième Compagnie, elle était également facilement défendable et les nombreux systèmes Tarentules déployés par les Techmarines étaient là pour dissuader quiconque de lancer un assaut sur la station.

Mais était-ce bien là le genre de raisonnement que l’on pouvait attendre des Tyranides ?

Gabriel regagna la cellule qui avait été attribuée à la septième escouade. Ses frères déjà sommeillaient, assis en tailleur, les systèmes de leurs armures connectés aux générateurs de campagne installés par des serviteurs. Ces derniers l’aidèrent à ôter ses réacteurs dorsaux. Ceci fait, l’Astartes s’assit à son tour au côté des autres membres de son unité. Les serviteurs branchèrent les circuits de son armure énergétique, après quoi ils allèrent s’occuper des réacteurs du Marines afin de les nettoyer, les réapprovisionner en combustible, en recharger les batteries et les oindre d’onguents sacrés. Pour sa part, Gabriel adressa une courte prière à l'Empereur pour qu'il lui donne un sommeil réparateur et le prémunisse des pensées noires qui l’agitait d’habitude. Puis il décida de ne pas utiliser son nodule cataleptique afin de dormir le mieux possible sans réfléchir à toutes les questions qui le harcelaient depuis maintenant près d’un mois.

En peu de temps, le Fils du Lion s'assoupit.

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeLun 10 Sep 2012 - 14:34

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeMar 11 Sep 2012 - 11:32

La Traque, chapitre 9 : La Cathédrale St Moïs

-Qu’avez-vous découvert, alors ? interrogea Severian avec une pointe d’agacement dans la voix. Il avait coutume d’apprécier l’ironie de Gabriel d’une manière plus atténuée que le grand maître Bélial, et en particulier quand elle s’adressait à lui.

Gabriel ne répondit pas tout de suite. Il du répondre d’abord aux injonctions pressantes que lui demandait Gidéon. Ce dernier n’entendait pas laisser partir son officier sans lui avoir dispenser des soins de meilleure qualité que son bras n’en avait reçu jusqu’à présent. Gabriel se laissa faire, sentant que son apothicaire ne le laisserait jamais partir tant que son bras n’aurait pas été ausculté sous toutes les coutures, et dûment soigné.

-La retraite dans laquelle se cache le déchu que nous traquons depuis le début de cette opération, asséna-t-il. Je l’ai trouvée.

-Pardon ? Mais comment avez-vous fait pour la découvrir ? questionna le chapelain. La surprise lui fit oublier immédiatement le léger mécontentement de l’instant précédent.

-Le temps manque, Frère-Chapelain, je vous expliquerai plus tard comment. Il faut absolument que vous et l’escouade Séleucos soyez rapatrié sur le Winged Vengeance. Ensuite, faites faire les réparations sommaires sur vos armures, je ne veux pas courroucer l’Esprit de la Machine alors que nous risquons d’avoir grand besoin de lui. Tenez-vous prêt à vous téléporter sitôt que j’activerai ma balise. Le code sera mon numéro matricule suivi du numéro de votre cellule sur le Winged Vengeance.

-Et où atterrirons-nous ?

-Dans la cathédrale St Moïs.

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Lorsque la formation blindée de la 3ème compagnie déboucha sur la place de la cathédrale, tout était calme. Du moins, sur la place elle-même. Au loin résonnaient les bruits confus d’une bataille, le grondement ininterrompu des canons tissant comme un fond sonore à la trame fatidique de l’instant. Fatidique, le moment l’était à plus d’un tour. Tous les Dark Angels sentaient que la mission arrivait à son terme, même si bien peu comprenaient pourquoi ils faisaient maintenant mouvement vers la cathédrale, loin en arrière des combats. Cependant, les Dark Angels étaient connus, entre autres choses, pour leur discipline, et aucun des Astartes ne posa de questions.

Leur capitaine avait prévenu de s’attendre à de possibles contacts hostiles, et ce ne fut pas vain. Sans avertissement, un missile fusa hors du portail d’entrée de l’imposant édifice, en direction de « Magna Veritas », le Razorback de commandement. Heureusement, l’expérimenté pilote parvint à l’éviter, et la formation d’attaque des Dark Angels se déploya afin de monter à l’assaut. A peine cinq minutes plus tard, il ne restait plus rien des défenses hérétiques.

Gabriel, qui avait troqué ses chers réacteurs dorsaux contre un paquetage énergétique standard, ordonna à ses hommes de fouiller l’immense bâtiment de fond en comble, et surtout en fond. Si le déchu avait pu se réfugier quelque part, voire même partir à la recherche d’un quelconque artefact impie dont Gabriel commençait à soupçonner la présence sur la planète, c’était probablement sous le dallage de marbre qu’il fallait le chercher. Au bout d’une dizaine de minutes, Bethor l’appela du côté de l’autel. Le grand maître s’approcha de celui-ci. C’était un bel ouvrage, le marbre monolithique, sa découpe soignée, le travail de bas reliefs qui l’ornementait rendaient vraiment hommage à l’Empereur-Dieu.

-Quelle pitié, pensa l’Impardonné.

Bethor, tenant dans une main une des trois bannières sacrées des Fils du Lion, lui désignait de l’autre quelque chose sur le sol. Gabriel regarda à son tour, et vit que des sillons striaient la pierre, décrivant un arc de cercle qui partait de l’autel pour n’aller nulle part. Il était manifeste que celui-ci avait été tiré, du moins déplacé d’une façon ou d’une autre, par quelqu’un ou sous l’action de quelque chose.

Le grand maître fit appel à deux de ses marines pour déplacer la chose, mais l’édifice ne bougea pas en dépit des efforts des deux colosses. Sans doute y avait-il un mécanisme qui permettait de révéler un passage. Mais le temps manquait dramatiquement pour le trouver. Aussi Gabriel opta-t-il pour une solution radicale.

-Aeniol, apportez-moi une de vos bombes à fusion, voulez-vous ?

Il prit la dangereuse mine des mains du Sergent de la Sixième Compagnie et ordonna à tous ses hommes de se mettre à couvert. Puis il arma l’engin, le plaça sur l’autel et couru à son tour se protéger de l’explosion.

-L’Empereur me pardonne, se dit-il lorsque retentit le vacarme de l’explosion. De toutes façons, je ne fais que rendre justice. Le seul service que l’Empereur ai jamais toléré à son égard est celui de la guerre au profit de la grandeur de l’Humanité, pas ce genre de flagorneries.

Il se releva, et inspecta les décombres. Un grand cratère se tenait à présent en lieu et place de l’autel, des volutes de fumée formaient un brouillard alentour, et quelques débris achevaient de retomber. L’officier examina l’orifice. Bien que l’explosion en ait volatilisé le haut, un escalier plongeait le long d’un couloir taillé de main d’homme vers les profondeurs. Le couloir lui-même était d’une taille modeste, bien suffisante pour un homme, mais à peine assez large pour un Astartes en armure énergétique. Il serait suffisamment difficile pour Gabriel et ses vétérans de progresser à travers celui-ci, il était par conséquent totalement exclu de faire passer par là les Terminators du groupe d’assaut Severian. Le grand maître choisit de remettre leur appel à plus tard, en espérant que le corridor ne s’enfonce pas trop profond pour empêcher l’émission de sa balise personnelle.

-Bien.

Il se retourna vers ses frères.

-L’escouade Bethor descendra avec moi. Kardiel, tu prendras le commandement pendant mon absence. Dissimulez-vous dans la cathédrale, assurez-vous une solide position défensive. Aucune personne, quelque soit son rang, ne doit franchir ce périmètre. A fortiori s’il s’agit d’ennemis, bien entendu, ajouta-t-il avec un petit sourire.

Un léger rire monta de l’assemblée en guise de réponse.

-Je compte sur vous. Tenez quelqu’en soit le prix, faites honneur au Chapitre. A vos postes Frères.

Puis, tandis que Bethor confiait le précieux étendard à la garde du sergent vétéran, Gabriel se laissa tomber sur la première marche de l’escalier en contrebas. Descendant rapidement les degrés, sa suite sur les talons, il entra totalement dans l’obscurité du boyau. Il bascula son casque en mode infrarouge, et se saisit de son auspex. Ce dernier ne détecta rien. Avec précaution, les Dark Angels avancèrent le long du couloir. C’était le noir complet et seule la lueur rouge sang des lentilles de leurs casques trouaient les ténèbres comme deux amandes écarlates. Après une pénible progression qui dura un bon quart d’heure, et prit plusieurs coudes, le scanner que tenait Gabriel signala des formes de vies. Ils se rapprochèrent d’un nouveau coude, au détour duquel quelques formes aux contours humains se peignèrent de couleurs chaudes à l’intérieur du casque des Astartes. L’affichage tactique signala lui aussi la présence d’humains à proximité. Par le com-link, l’officier donna l’ordre de stopper.

-Nous n’avons pas idée de ce qu’il peut y avoir après ce groupe de gardes. Je ne veux pas utiliser de grenades, le bruit risquerait de donner l’alerte. Nous allons devoir charger et massacrer toute cette engeance au corps à corps. En avant !

Le Fils du Lion s’élança. Surgissant de l’angle du couloir en une fraction de seconde, Absolution étincelante d’énergie entre ses mains, il fut sur les quelques hérétiques avant même que ceux-ci n’aient le temps de lever leurs armes. L’instant d’après, tout était fini.

Délaissant les cadavres qui gisaient à ses pieds dans des mares d’un gros sang noir, Gabriel s’approcha de l’objet de la garde tragique des sentinelles. Le couloir s’évasait quelque peu sur une dizaine de mètres en avant, puis s’interrompait, barré par un obstacle. C’était une large porte de bois, aux vantaux usés par les siècles. Des renforts et de jointures d’or les encadrait en des motifs gothiques. Au centre de la double porte, à cheval sur les battants, s’étirait l’étoile à huit branches du Chaos universel. Son crâne central semblait ricaner d’un rictus mauvais devant les Dark Angels. Le long des parois, des sculptures grotesques, des gargouilles grimaçantes et difformes paraissaient vouloir s’extraire de la pierre et prendre leur envol en une nuée démoniaque.

Le grand maître jugea l’épaisseur de la porte. Il l’examina rapidement puis, ayant pris sa décision, se retourna vers ses vétérans et amis.

-Cette porte ne m’a pas l’air trop solide, je vais la défoncer et passer à travers puis me jeter à terre en un roulé-boulé. Ramiel, Gidéon, Agis, vous me couvrirez sitôt la porte démolie. Tir continu. Bethor, Aemilianus, balancez-moi une grenade dans la première cible d’intérêt que vous trouverez et rejoignez-moi aussitôt. Notre objectif reste la capture du déchu, il nous le faut vivant, vous entendez ? Concentrez-vous là-dessus, au pire donnez-moi le temps d’y arriver. Je compte sur vous. Pour l’honneur du Chapitre, pour le Lion et pour l’Empereur !

-Pour l’honneur du Chapitre, le Lion et l’Empereur ! reprirent d’une voix grave les cinq Impardonnés.

Bethor et Aemilianus prirent place de part et d’autre des vantaux. Les autres se répartirent comme à l’exercice pour optimiser les angles de tir. Gabriel se saisit de son pistolet bolter dans la main gauche, d’Absolution dans l’autre, et se prépara.

-Au troisième top, dit-il simplement.

Ses hommes acquiescèrent. Gabriel compta. Au signal, il se jeta en avant. Les trois cent kilos de l’Astartes défoncèrent la porte comme une feuille de papier. Gabriel se jeta à terre et roula sur lui-même alors que la salle s’emplissait des détonations des pistolets bolters des Dark Angels. Deux explosions retentirent pendant qu’il se relevait en un éclair, tirant à bout de bras de sa propre arme de poing. Déjà Bethor et Aemilianus se ruaient sur leurs adversaires. La salle était emplie de cultistes et de démons. Les Dark Angels étaient en sous nombre, et risquaient fort de se faire submerger. Sans hésiter, Gabriel activa sa balise de téléportation, priant l’Empereur pour que le signal atteigne la chambre de saut du Winged Vengeance.

-Repends-toi aujourd’hui, car demain tu seras mort !

Hurlant de toutes ses forces le cri de guerre du Chapitre, Gabriel et sa suite avec lui chargèrent la masse compacte de bêtes et d’humains. Le lieu qui n’était illuminé que par quelques torches épars, ne permettait pas de voir bien loin. Tailladant en tous sens, décapitant, éventrant, en une série d’attaques, parades, feintes ou contre-attaque, le Dark Angel se frayait un chemin sanglant à travers les rangs des hérétiques. Derrière lui, le gantelet énergétique de Bethor fauchait à grandes volées. Abattant deux serviteurs du Chaos supplémentaires d’une courte rafale de pistolet, Gabriel parvint à distinguer les officiants du culte. Un Astartes, engoncé dans une armure de très vieille facture, sacrifiait des victimes qui ressemblaient fort à des membres du culte de l’Empereur. Planté aux sommets d’un pentacle dessiné au sol, des cadavres portant les habits de cardinaux ou de membres éminents du culte étaient empalés sur de gros pieux. Immédiatement autour du sacrifiant, une garde de cinq ou six renégats le mettait en joue avec leurs antiques bolters. Mais chose bien plus inquiétante, au centre du pentacle émergeait du sol, lentement mais sûrement, la poignée d’une épée impie. Déjà la garde à son tour sortait, baignant d’une lueur rouge sombre et malsaine les armures noires des traîtres. L’atmosphère se faisait de plus en plus lourde et oppressante.

La rage, la colère et la haine s’emparèrent de Gabriel, qui parvint à s’ouvrir un chemin à travers la marée démoniaque. L’annonce que Aemilianus était à terre décupla encore sa violence. Il s’extirpa enfin des laquais des puissances de la ruine. Le prêtre impie se retourna vers lui, et la stupeur s'abattit sur le grand maître. Son épaulière ! Là où Gabriel s’attendait à voir l’épée ailée du Chapitre, en lieu et place il vit l’hydre de l’Alpha Legion !

-Tuez le ! Le rituel ne doit pas être interrompu !

L’ordre lancé par le fils maudit d’Alpharius le ramena de sa surprise. Les traîtres ouvrirent le feu, et Gabriel se retrouva pris pour cible par une myriade de bolts. Heureusement pour lui, quelque pas le séparaient de ses ennemis, aussi ignorant le barrage de feu, il se jeta en un nouveau roulé-boulé sous la tourmente, et planta Absolution dans la suite de son mouvement dans l’estomac d’un premier légionnaire. Le champ d’énergie traversa facilement l’armure, et la lame perfora de part en part l’ennemi. Avant même que ses adversaires n’aient eu le temps de se saisir de leurs armes de corps à corps et de lui tomber dessus, il s’était déjà relevé et tira à bout portant un bolt en direction de l’un d’entre eux. L’ogive l’atteignit à travers l’optique et explosa à l’intérieur du casque, pulvérisant le crâne. Il s’écrroula, mort. Au même instant, en une débauche d’étincelles, le groupe d’assaut Severian se matérialisa. A nouveau le cri de guerre du Chapitre résonna dans la crypte. Une immense langue de feu s’éleva du lance-flammes lourd que portait Frère Abel, tandis que les hauts parleurs de Severian vociféraient les Litanies de la Haine.

A leur tour, les renégats furent surpris par l’arrivée inattendue de Severian et des siens. Gabriel la mit à profit et bouscula ses adversaires, chargeant droit sur leur chef. Severian saurait bien s’occuper des autres.

Revenu à lui, le Légionnaire abandonna son rituel et tira d’un fourreau un long cimeterre, qui se mit à briller lui aussi d’un champ électrique. L’artefact maudit dépassait maintenant d’une bonne moitié de la lame. Il fallait faire vite.

Empoignant Absolution à deux mains, Gabriel para une première attaque de haut en bas, et donna un violent coup de botte dans l’abdomen du traître. Ce dernier recula d’un pas sous l’impact, et Gabriel profita de ce moment d’inattention pour inverser sa prise sur son épée et envoya droit sa pointe vers la coque blindée qui protégeait l’aine de son ennemi. Au dernier moment, celui-ci vit le danger et par une esquive très adroite, parvint à éviter le coup. Il roula sur lui-même sur le côté, puis se releva dans la foulé pour stopper une nouvelle attaque du Dark Angel. Forçant sur Absolution, Gabriel se rapprocha presque casque contre casque du renégat.

-Tu ne me vaincras pas, laquais du Faux Empereur ! hurlèrent ses systèmes vocaux.

-Ta foi maudite t’aveugle, sale traître !

Cette fois, ce fut pourtant le Légionnaire qui, d’une violente bourrade, repoussa Gabriel, parvenant à se dégager. Il attaqua aussitôt, d’une nouvelle frappe de taille portée de haut en bas, mais le grand maître s’effaça habilement. De volée, il contre-attaqua mais sa lame passa trop haut, et elle ne put qu’arracher son casque au Space Marine déchu. Le heaume roula à terre, dévoilant alors le visage tuméfié du renégat, à la bouche garnie de multiples crocs. Emporter par son élan, le légionnaire parcouru quelque mètres avant de se retourner et de détourner dans le même mouvement Absolution qui déjà revenait. Les duellistes se firent face.

Jetant un coup d’œil à l’épée maudite, le grand maître vit qu’elle n’émergeait plus, et même qu’à présent, elle retournait lentement à la pierre. L’entité démoniaque qui l’habitait pépiait et caquetait sa colère.

Jugeant le moment propice, le chaotique se lança à l’assaut, portant une attaque d’estoc. Gabriel enroula Absolution autour de la lame du cimeterre tout en s’effaçant de sa trajectoire, dans son mouvement préféré, et d’une brusque torsion du poignet fit sauter son arme des mains du Légionnaire décontenancé. Elle alla chuter quelques mètres plus loin, et aussitôt le Dark Angel s’interposa entre elle et son adversaire. Ce dernier ne perdant pas de temps, fit un bon de côté et agrippa la poignée de l’épée démon qui continuait de s’enfoncer. Il tira de toutes ses forces à lui mais rien ne vint malgré sa force herculéenne. L’artefact resta prisonnier du sol.

-Malédiction ! rugit-il.

Au même instant, Absolution s’abattit avec la force de la colère vengeresse de Gabriel sur ses poignets, qui furent proprement tranchés. L’Astartes maudit tomba à la renverse, tandis que ses poignets restaient accrochés à l’épée. Etalé dos contre terre, les bras en croix, ses extrémités fumantes dépassant des brassards sectionnés, il vit la terrible pointe d’Absolution venir se placer menaçante à quelques centimètres de sa gorge. Il tenta de se relever afin de s’ouvrir le cou sur l’arme énergétique, mais il dérapa pitoyablement sur ses moignons et retomba lourdement à terre.

-Maudis sois-tu, infâme serviteur du Lion, lâcha-t-il faute de mieux pour concéder sa défaite.

-Maudis plutôt tes dieux, tu n’as encore pas idée de ce qui t’attend. Enchaînez-le ! ordonna-t-il.

Séleucos lui-même vint entraver leur prisonnier. Gabriel se détourna de lui et regarda la lame démoniaque disparaître à nouveau du sol. La chose qui en était prisonnière pépiait de plus belle, déversant d’étranges babillements, un sabir incompréhensible de sifflements haineux. La cacophonie augmentait à mesure que l’épée s’enfonçait. Bientôt la garde à son tour plongea, et les injures se muèrent en long hurlement de colère et de frustration. La garde fut absorbée, puis la poignée et enfin le sol se referma définitivement sur le pommeau. La partie était belle et bien finie.

Gidéon s’approcha de son officier.

-Bethor a une coupure assez profonde à l’épaule mais fort heureusement j’ai pu maîtriser l’infection. Aemilianus est dans un état stable, mais il lui faut d’urgence des soins.

Gabriel sentait bien qu’il ne lui disait pas tout.

-Nos pertes ? questionna-t-il

Gidéon inspira profondément et lâcha :

-Frère Ramiel a rejoint la droite de l’Empereur. Frère Ligthning-Snake de l’escouade Séleucos l’y a accompagné peu après.

Sous son casque, le visage du grand maître se crispa. Il était pourtant un habitué des coups durs, mais cette perte l’affectait beaucoup. Ramiel venait juste d’entrer dans son cercle de vétérans, n’avait été intronisé au sein du Cercle Intérieur que très récemment, et promettait beaucoup. Il lui rappelait un peu ce que lui-même avait été, et aurait pu prétendre avec quelque espoir à commander la Troisième Compagnie si Gabriel venait à être promu… ou tué… En un sens, c’était un peu lui que l’on avait tué. L’officier s’efforça de faire le vide dans son esprit, d’évacuer ces pensées et d’attendre d’être dans sa chapelle personnelle sur le Winged Vengeance afin de prier pour l’âme de son défunt compagnon. Ils avaient payé cher leur victoire. Deux vétérans étaient morts pendant l’action, et venaient s’ajouter à la liste des tués pour Ana-Purna III. Cette planète avait intérêt à ne jamais oublier le sacrifice qui lui avait été consenti, et à toujours s’en montrer digne. Et tout ça pour un déchu qui n’en était pas un…

-L’Alpha Legion, hm ?

Severian à son tour s’était rapproché de Gabriel. Ce dernier répondit sur le canal privé.

-Par le Lion, oui l’Alpha Legion, lâcha Gabriel ! Nous nous sommes trompés ! Vous vous êtes trompé ! Il suffit que nous voyions un gantelet noir pour que nous accourions tous aux abois !

-Gabriel, je vous respecte beaucoup mais faites attention à ce que vous dites, maugréa Severian.

-Peu importe ! J’ai perdu en une semaine de combat près de vingt Frères, tout ça parce qu’un sombre indic’ avait vu un gantelet noir ! Dites-moi Frère-Chapelain, combien de mondes avons-nous déjà abandonnés pour un gantelet noir ? Combien de millions de serviteurs de l’Empereur avons-nous déjà abandonnés pour un gantelet noir ? Stéphania est-elle tombée elle aussi pour un gantelet noir ?

-Gabriel, par le Lion, calmez-vous ou je serai forcé de vous relevez de vos fonctions le temps que vous repreniez vos esprits, menaça Severian d’une voix sourde.

-Vous n’en avez pas le pouvoir, Frère Severian, et vous le savez aussi bien que moi. Mais dans le fond, vous avez raison. La perte de Ramiel m’affecte plus qu’elle ne le devrait. Veuillez me pardonner.

Severian sentit la colère du jeune officier s’apaiser. Derrière son masque mortuaire, un léger sourire se peignit sur ses lèvres. Même si Gabriel avait un caractère qui avait parfois le don de l’agacer, le vieux mentor connaissait bien son élève. Il décida de ne pas trop lui tenir rigueur de ce débordement. En fin de comptes, ils le savaient tous deux, il appréciait un peu trop son protégé pour vraiment le blâmer. Il se prit à se maudire lui-même pour ce petit faible.

-J’aurais aimé te donner trois jours de pénitence, Gabriel, comme lorsque tu n’étais qu’un novice et qu’il fallait calmer un peu ton caractère trop bouillonnant . Quelle idée j’ai eu là de favoriser ta carrière fulgurante ! ajouta-t-il en soupirant.

A son tour, un léger sourire se dessina sur les lèvres de l’officier. C’était bien la première fois qu’il voyait Severian faire montre de ce genre d’ironie.

-Cela fait partie des relations d’un maître avec son élève, fit avec un ton presque amusé le Chapelain, comme s’il avait deviné les pensées de Gabriel. Vous aviez une forte pression sur les épaules, Maître Gabriel, reprit-il en retrouvant un ton plus neutre, plus habituel. C’était votre première mission au service de l’Empereur, ne l’oubliez pas. Et vous l’avez accomplie avec brio. Vos Frères ont donnés leurs vies pour Lui, pour le Chapitre et pour l’Humanité. Nous en rediscuterons une fois de retour sur le Winged Vengeance.

-Je l’espère Frère-Chapelain. Je l’espère…

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeMar 11 Sep 2012 - 13:03

Superbe !
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeMar 11 Sep 2012 - 14:40

Et comme j'ai du retard à rattraper, aujourd'hui c'est deux pour le prix d'un Smile :

Intronisation, chapitre 11 : Tenez la ligne !

Une sirène stridente sortit l’escouade Espertas de son sommeil. La sirène de proximité ! Les procédures d’urgence de leurs relais énergétiques se lancèrent, coupant automatiquement les systèmes d’alimentation et déconnectant tous les câbles énergétiques.

Se remettant en un éclair sur leurs pieds, les Dark Angels coururent aux râteliers se saisir de leurs armes. Leurs serviteurs apportaient leurs réacteurs dorsaux. Ils les passèrent en un tour de main, puis sortir rapidement mais avec discipline de la cellule. Autour d’eux, dans les couloirs, dans les grandes salles, des frères en armure rejoignaient les places qui leur avaient été assignée dans le plan de défense de l’édifice mis au point par Maître Bélial. Alors que Gabriel pénétrait dans le grand hall d’entrée, des boules de bio-plasma vinrent s’écraser sur le toit déjà meurtri. D’épais blocs de plast-béton chutèrent au sol. Par un heureux coup du sort, le bombardement ne tua pas un des Astartes. Au dehors rugissaient les détonations incessantes des bolters lourds des systèmes Tarentule. Quelque chose approchait.

Dans les ténèbres de la nuit de Durganion, il n’était guère évident de distinguer quelque chose, même avec les sens et systèmes optiques d’un Space Marine. Des cendres et des miasmes toxiques émis par la lente digestion de la planète par les Xenos empêchait d’y voir bien loin. Le jour était à peine meilleur. De puissants projecteurs trouaient la nuit pour rechercher des cibles potentielles, mais la configuration urbaine du lieu, malgré les immeubles abattus afin de dégager un périmètre de sécurité, ne permettait pas de faire porter très loin les puissants jets de lumière. Les échos des départs de coups des Tarentules faiblirent puis disparurent. L’ennemi avait réussi à traverser les deux premières défenses, le champ de mines et les systèmes automatisés. Les choses sérieuses allaient vraiment débuter.

Bientôt, les projecteurs repèrent une horde grouillante qui avançait à une vitesse fulgurante vers la station de recrutement. Les escouades dévastator postées sur le haut des remparts ouvrirent le feu depuis leurs embrasures de tirs, fauchant net la première vague. Les derniers reliquats de soldats humains décérébrés, sans doute possédés par quelque symbiote alien, et qui avaient ouvert la voie à travers les défenses des Dark Angels, disparurent tous dans un ouragan de destruction. Mais il en fallait bien plus pour arrêter la vague xenos.

Le portail d’entrée avait depuis longtemps été enfoncé par la bio-artillerie des Tyranides, et ce fut par là comme par des dizaines de trous béants dans le mur d’enceinte que la masse des hormagaunts et des genestealers se ruèrent. Une tempête de bolt les accueillit. Les premiers extraterrestres s’écoulèrent au sol, leurs viscères éclatés répandant des mares de fluides visqueux et jaunâtres. L’escouade Espertas se joignit au déluge de tirs. Gabriel faisait feu de son pisto-bolter sur tout ce qui entrait.

Sans s’arrêter un instant, les Tyranides escaladèrent les carcasses de leurs congénères et furent cueillis par une nouvelle rafale de projectiles explosifs. La première vague s’écrasa littéralement sur la muraille de feu et de discipline élevée par les fils du Lion. Mais dans l’embrasure des impacts et de la porte presque arrachée apparurent des cibles plus imposantes. Les guerriers Tyranides à leurs tours s’avancèrent, tirant de mortelles projections d’acides ou de munitions vivantes. Quelques frères furent touchés et certains d’entre eux tombèrent à terre. Le novice Quintus se portait aussitôt à leur aide.

Les premiers guerriers furent abattus en quelques instants, et le flot se ralentit quelque peu afin que les rangs suivant se fraient un passage dans les cadavres déchiquetés. Les Dark Angels en profitèrent pour recharger leurs armes. Là haut, sur les remparts, la fusillade ne s’interrompait pas.

Soudain, une escouade de la Deathwing se matérialisa au milieu de la ligne de bataille. Ses armures d’un blanc d’os s’illuminèrent des flammes vindicatives des départs de coup des bolters, des fulgurants et du canon d’assaut que les vétérans avaient amenés en renfort. Tout près d’eux, l’escouade de commandement Amadeus, que commandait pour l’occasion le Chapelain Abraxas exhortait les escouades des Dark Angels à tenir la ligne. Bélial, suivant le plan établi, avait pris le commandement d’une rapide force de contre-attaque, destinée à fondre sur les arrières des xenos et massacrer leurs soutiens. Et en effet, les tirs de bio-artillerie s’affaiblissaient considérablement.

-Escouade Espertas, intervention urgente requise au niveau supérieur. Je répète, intervention urgente requise au niveau supérieur.

La voix d’Abraxas retentit dans les casques de la septième escouade. Sans attendre, le sergent ordonna à ses hommes de cesser le feu et de s’envoler à travers les nombreuses déchirures qui balafraient le toit du hall.

Gabriel s’exécuta, tandis que les Dark Angels en contrebas, menés par Abraxas, s’avancèrent accompagnés des vétérans de la première compagnie afin de pousser leur avantage. Il les perdit bientôt de vue, pour envisager un spectacle d’horreur. Les bolts traçants zébraient le ciel, illuminant des dizaines de xenos ailés grimaçants, pulvérisant tout ce qu’ils touchaient, fauchant de larges sillons dans les essaims volants. Les aliens répliquaient à l’aide de bio-armes, D’autres attaquaient en piqué et tentaient d’arracher leurs membres aux Space Marines, et déjà une demie douzaine de Frères gisait au sol. L’escouade d’assaut ajouta ses tirs à ceux des dévastators et engagèrent les gargouilles dans un féroce corps à corps. Les épées tronçonneuses équarrissaient sans finir. Comme un furieux, Gabriel enchaîna les coups, attaquant à outrance ses adversaires. Le nombre était tel qu’aucun de ses coups ne manquait. Les marines d’assaut s’interposèrent entre les Tyranides et leurs frères dévastators, de sorte que ceux-ci purent à nouveau se concentrer sur ceux dotés d’armes de tir. Leur puissance de feu était-elle qu’ils furent vite balayés.

Abraxas leur annonça que le niveau inférieur était nettoyé, à quoi Espertas répondit que le niveau supérieur ne tarderait pas à l’être à son tour. Et effectivement, toute opposition fut éradiquée à peine quelques instants plus tard. Leur intervention n’avait duré qu’une poignée de minutes.

Les Tyranides survivant se regroupaient certainement, terrés dans les ténèbres, afin de lancer une autre attaque. Sans hâte, méthodiquement, les Dark Angels se mirent en position pour les recevoir, armes rechargées et prêtes à cracher la mort une nouvelle fois.

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Les aliens avaient renouvelé leurs assauts toute la nuit, en vain. La fine ligne verte des fils du Lion n’avait pas lâché un pouce de terrain, et toutes les tentatives s’étaient écrasées sur le mur de feu et de volonté qu’avaient dressé en face d’eux les Dark Angels.

Au matin, Bélial ordonna une contre-offensive pour éradiquer toute présence extra-terrestre de la ville. Les rhinos vert sombre frappés de l’épée ailée du Chapitre se mirent à sillonner les rues, traquant toute trace de xenos. Chaque bâtiment qui en abritait ne fut-ce qu’un seul était consciencieusement nettoyé à grand renfort de Prométhéum.

Scindés en petits détachements, les Astartes de la Troisième Compagnie arpentaient donc les artères de Durganion, seule cité qui existasse à la surface de la planète homonyme. Durganion était un agri-monde, ou plus exactement un pisci-monde, dédié à l’élevage d’une faune maritime capable de nourrir les planètes avoisinantes. Hormis un continent de la taille d’une grosse île, le reste de la planète n’était couvert que d’océans à perte de vue, sur la surface desquels se répartissaient des fermes hydroponiques. Les travaux de purge n’en étaient que facilités, mais restaient à mener à bien et avec zèle.

La planète hébergeait néanmoins plusieurs millions d’âmes, ce qui avait justifié l’installation d’un centre de recrutement. Les marchandises transitaient via un petit astroport situé sur une île de faible superficie et étaient transportés en orbite jusqu’à de vastes entrepôts et docks, d’où ils partaient pour des destinations variées. Ces deux structures étaient aux mains de l’Imperium, les choses étaient donc bien engagées et prenaient bonne tournure. Cependant, le conflit s’éternisait. Les milices de Durganion n’étaient pas à la hauteur de la tâche, et l’ampleur de l’infestation genestealer en avait désagréablement surpris plus d’un. Sans l’intervention in extremis de la flottille menée par le Winged Vengeance, qui avait détruit au prix d’un combat acharné la bio-flotte adverse, la planète aurait été ingérée sans coup férir. La victoire était assurée, mais la résistance des Tyranides en surface montrait par les ressources qu’ils déployaient que l’Adeptus Astartes était arrivé à temps. En dépit des réseaux de fortifications aménagés dans la cité et mis à disposition des milices, il était manifeste que seul vrai point de résistance était la station transformée en camp retranché par les Dark Angels.

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Le rôle dévolu à l’escouade Espertas était de protéger de toute agression les véhicules qui convoyaient de carrefours en carrefours la Deuxième Escouade Tactique du Sergent Bethor et l’escouade de commandement de Belial, emmenée par Frère Amadeus. La petite patrouille avançait avec précaution dans ce canyon urbain, flanquée à droite comme à gauche par de hauts immeubles plus ou moins en ruines.

Soudain, Gabriel repéra un mouvement derrière la corniche d’un toit. Il prévint aussitôt Espertas, qui relaya aussitôt à Belial. La colonne stoppa. L’escouade d’assaut alluma ses réacteurs et s’envola vers le toit suspect tandis que les frères de bataille au sol se déployaient.

Les marines tombèrent à bras raccourcis sur une dizaine d’hormagaunts tapis derrière le parapet. A bout portant, Gabriel fit exploser un premier xenos et déchira de son épée tronçonneuse un second. Les hormagaunts essayèrent de se défendre, mais c’état peine perdue face à la colère des Astartes. Espertas et ses hommes étaient tout simplement trop fort pour eux. Un combat facile.

Une explosion fit trembler le sol, puis une seconde, puis une troisième et tout d’un coup, la voix de Bethor cria dans le com-link :

-La bannière est à terre ! Couvrez-moi !

Gabriel se pencha pour regarder en contrebas. Il vit les escouades Belial et Bethor cernées de toutes part par une marée de xenos qui sortaient de chaque fenêtre, de chaque porte, de chaque embrasure. Le bolter lourd du Razorback de commandement crachait la mort à coups redoublés, de grands chapelets d’ogives explosives balayaient les alentours afin d’essayer de contenir les assaillants. Quelques cratères avaient éclos autour de la patrouille. Gabriel aperçut enfin Bethor.

-Empereur tout-puissant ! lâcha-t-il.

Le sergent vétéran s’était élancé droit devant lui, s’enfonçant dans une véritable marée de genestealers ! Là bas, une vingtaine de mètres plus loin, gisait la bannière de la Troisième Compagnie et le corps démantibulé d'Amadeus. Autant dire vingt kilomètres ! Et le miracle s’accomplit.

Bethor, comme une dague dans un corps, perçait à travers les rangs compacts des terribles aliens. Vidant littéralement son pisto-bolter en une rafale continue dans la masse de ses ennemis, son épée énergétique lui ouvrant le chemin à grands moulinets bleutés, Bethor traversa de part en part l’essaim. L’Empereur le veillait. Pas un seul ne l’arrêta, et c’est au terme d’un sillon balisé de fluides infâmes qu’il se saisit du précieux étendard.

-Par l’Empereur, mais qu’est-ce que vous attendez pour descendre ! Allez aider Bethor ! rugit Espertas en se lançant dans le vide.

De toute la puissance de ses moteurs, le rhino s’élança dans la direction du vétéran, écrasant sans vergogne tous les xenos qui se trouvaient en travers de sa route. Dans un crissement de chenille, le pilote fit dérapé son engin et abattit la rampe arrière. Bethor s’engouffra dedans, tenant toujours la bannière miraculée.

-Abritez-vous dans ce bâtiment ! hurla Belial. Et il demanda aussitôt des renforts de toute urgence.

Alors que les Frères abattaient de leurs bolters tous les xenos qui s’avançaient, le porteur du lance-flamme de l’escouade Bethor incinéra les quelques extra-terrestres qui barraient la voie jusqu’à l’immeuble que leur avait désigné Belial. Décrochant avec discipline, se couvrant les uns les autres, les Dark Angels prirent position dans le rez-de-chaussée défoncé sous le couvert de leurs véhicules. Bethor les y rejoignit. De temps à autres, des salves de bio-plasma s’abattaient sur le champ de bataille, mais elles furent si mal ajustées qu’elles ne parvinrent qu’à ralentir la masse grouillante des Tyranides.

-Espertas, faites taire ces abominations !

Le commandement de Belial était impératif, et l’escouade d’assaut s’éleva à nouveau dans les cieux à la recherche des biovores qui menaçaient gravement leurs Frères.

-A deux heures ! fit remarquer Frère Nathan.

L’escouade obliqua, et de son champ de vision disparu l’affrontement féroce qui se déroulait plus bas.

Une trentaine de secondes plus tard, les Space Marines aperçurent les extra-terrestres qui se préparaient visiblement à lancer une nouvelle salve. En appui sur leurs quatre pattes courtaudes mais robustes, les monstres avaient le dos parcourus de frémissements à mesure que le bio-plasma montait le long du lanceur, situé entre ce qui leur tenait lieu « d’épaules ». Par bonheur pour Belial et ses hommes, ses extra-terrestres n’avaient pas encore subit d’altérations. Les derniers rapports des magos biologis à ce sujet parlaient de cracheurs de « spore-mines », munitions vaguement intelligentes et dangereusement plus destructrices.

Espertas répartit les trois cibles entre ses hommes, et les Dark Angels atterrirent en quelques secondes. Ils chargèrent les abominations dans la foulée. Les xenos étaient résistants mais extrêmement lents, et ce fut sans grand mal qu’ils se débarrassèrent des biovores. Ce danger là mis hors de nuire, Espertas relança son escouade vers le ciel et se précipita vers le combat qui opposait toujours leurs Frères et les Tyranides quelques blocs plus loin. Revenant à toute vitesse vers le lieu, ils notèrent une lourde et grasse colonne de fumée qui montait par dessus les toits. C’était mauvais signe.

Belial et les siens tenaient toujours, faisant feu sans discontinuer depuis chaque ouverture de tirs. « Pietas », le Razorback de commandement, brûlait au milieu de la rue. Des carcasses de xenos jonchaient chaque mètre carré du terrain, les unes sur les autres, s’entassant en d’ignobles tas. Une vingtaine de Guerriers porteurs d’armes de tirs et de longues griffes acérées s’avançaient vers la position retranchée des Dark Angels.

Toujours en vol, les Dark Angels se saisirent de leurs grenades à fragmentation, les armèrent et les lancèrent en direction de la masse insectoïde. Les explosions mutilèrent quelques créatures et Espertas fondit sur elles, sa lame crépitante d’énergie. Il n’avait pas fait la moitié du chemin qu’une série de terribles détonations éclatèrent dans un déchaînement de shrapnells, fauchant une poignée de xenos dès les premiers instants. Au loin, Frère Makarios, un des deux Dreadnought de la Troisième Compagnie, remontait la rue aussi vite qu’il le pouvait, ses doubles autocanons jumelés libérant des dizaines d’obus de 37mm hautement explosifs. Ceux-ci ravageaient les guerriers, les fauchant dans des gerbes de liquides bleus ou verts. En quelques instants, l’essaim se retrouva réduit de plus de la moitié de ses membres. Gabriel, Espertas et tous les marines d’assaut se jetèrent à corps perdus dans la mêlée, et Belial, sentant le moment venu, lança les ses hommes dans une contre-attaque.

Gabriel esquiva un revers de griffes en passant sous celles-ci et lança la grenade qu’il tenait à la main d’un geste adroit directement dans la gueule du monstre. Dans un déchirement cauchemardesque, le Tyranide explosa et projeta des viscères dans toutes les directions. Le Dark Angel n’y prêta pas attention, abattant plutôt avec une force terrible sa lame tronçonneuse sur un autre guerrier. La chaîne mordit affreusement la chitine et équarrit le xenos dans un geyser de fluides corporels.

Quelques minutes plus tard, tout était fini.

Les Dark Angels se dispersèrent à la recherche des corps des leurs. Gabriel se mit à inspecter les ruines de l’immeuble avec quelques autres. Soudain, il vit dépasser une botte noire d’un fatras de décombres.

-Par ici ! appela-t-il.

Bethor et Nathan se portèrent à l’aide. Ils déblayèrent aussitôt les blocs de plast-béton et découvrirent Quintus. Du moins l’identifièrent-ils grâce à son armure de scout. Son visage avait été ravagé par un tir de bio-plasma et son corps enseveli sous le pan de mur qui s’était effondré par dessus. Dans ses doigts crispés, il tenait encore une flasque de plasma sanguin, criblée de multiples petits éclats. Non loin de lui, ils sortirent Frère Gadès, blessé à mort par une large et profonde plaie à l’abdomen. Sand doute Quintus avait-il été frappé par un tir alors qu’il tentait de lui venir en aide. Comme Frère Gidéon était toujours retenu sur les ponts-infirmeries du Winged Vengeance, le novice avait été autorisé à prendre sa place temporairement au sein de l’escouade Belial. Il avait payé cet insigne honneur de sa vie. La tristesse s’abattit sur les visages des Astartes à sa découverte. Tous l’aimaient bien. Gidéon lui aussi allait ressentir cette perte lorsqu’il apprendrait la nouvelle.

Les Dark Angels emportèrent les deux corps et retournèrent vers le rhino survivant, toujours couverts par Makarios. Ils firent le compte de leurs pertes : cinq morts et six blessés graves, tous les autres souffrant de coupures plus ou moins bénignes. En silence, ils installèrent les morts et les blessés dans le véhicule , et repartirent vers leur base à marche forcée afin de transporter au plus vite les blessés à bord du croiseur d’attaque.

Les Dark Angels avaient tenus envers et contre tout, mais le prix de leur obstination était élevé...

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeMar 11 Sep 2012 - 18:12

Juste si je peux me permettre :
4° paragraphe :
Citation :
Gabriel faisait feu sur tout ce qui entrait de son pisto-bolter.
Il serait peut-être un peu plus adroit d'écrire :
Citation :
Gabriel faisait feu de son pisto-bolter sur tout ce qui entrait.

Je me permets cette remarque car le texte est d'une telle qualité que la moindre phrase un peu moins bien choisie choque.
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeMar 11 Sep 2012 - 18:32

Hop correction faite ! Merci du coup d'oeil Wink

Un autre demain !

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeJeu 13 Sep 2012 - 13:39

La Traque, chapitre 10 : Epilogue

Agenouillé dans sa petite chapelle personnelle, Gabriel priait l’Empereur de bien vouloir accueillir à sa droite les dix-sept Dark Angels qui étaient tombés sur Ana-Purna III. Il priait en particulier pour Ramiel, sur lequel il avait fondé beaucoup d’espoirs. Il avait allumé un cierge pour chaque défunt et les avait plantés devant une statuette représentant l’Empereur, le visage baissé, les deux mains sur la garde de son épée, dans un air de contrition. Les petites flammes jaunes brillaient d’une faible lueur, mais elles animaient le petit lieu saint en projetant leurs lumières sur les bas reliefs simples et hiératiques qui décoraient les murs.

Le Dark Angel se releva, salua une dernière fois la statue et les bougies qui lui faisaient face, puis sortit et referma les grilles en fer forgé. L’épée ailée du Chapitre ornait son centre, étirant ses ailes blanches de part et d’autre de la lame sur les barreaux de métal noir.

Gabriel revint dans sa cellule, qui était attenante. Des pupitres de commandes le long des murs, un râtelier d’armes sur lequel étaient accrochés son pistolet-bolter, son combiné-fuseur et enfin, à la place d’honneur, Absolution constituaient la plus grande partie de l’ameublement. Son armure avait été emportée par ses serviteurs afin d’être remise en état, nettoyée puis polie. Lui-même portait simplement sa lourde robe de bure blanche. Il s’assit sur son lit, à l’ornementation assez simple. Sur la table d’ébène qui occupait le centre de la pièce, un repas fumait encore. Gabriel n’avait pourtant que peu d’envie d’y toucher. Il lui restait encore à digérer la perte de tous ces Astartes dont Ramiel, son protégé. Un voyant clignota sur une console.

Gabriel se leva pour appuyer sur la rune d’activation.

-Qui vient demander audience ? questionna-t-il suivant la formule protocolaire.

-Le Chapelain-Investigateur Severian, articula ce dernier à travers le microphone.

-Qu’il entre.

Les deux battants de la porte s’écartèrent l’un de l’autre, glissant le long de rails enfoncés dans la paroi. Un de Ceux-qui-regardent-dans-les-Ténèbres s’avança, Severian à sa suite. La petite chose s’effaça presque aussitôt et ressortit, sans prononcer un seul mot. La porte se referma derrière elle.

-Il a parlé ? entama sans préambule l’officier.

-Certes. Il y aura mis le temps, le bougre, mais mes presque trois cents ans de charge dans mon office m’ont accordés... certains...arguments persuasifs, à force d’expérience...

Gabriel sourit.

-Alors ? Quels sont les résultats ?

-Ces renégats n’avaient qu’un but : récupérer l’épée maudite de Mok’darh, un ancien seigneur de guerre qui aurait fait disparaître l’antique civilisation d’Ana-Purna dans un cataclysme apocalyptique. Il semblerait qu’il ait été possédé par l’entité démoniaque qui résidait dans l’arme, et celle-ci acheva son plan diabolique en éradiquant toute vie sur la planète. C’est pourquoi Moïs Jacobinus trouva une planète vierge à coloniser. Ayant pris conscience qu’il s’était fait rouler, Mok’darh sombra dans la folie mais chercha à se venger, et il y parvint je ne sais comment en enfouissant l’artefact là où nous l’avons trouvé. Mais visiblement, il était à ce point corrompu par les pouvoirs de son arme qu’il mourut sitôt le lien brisé.

-Quel luxe de détail ! Comment avez-vous pu avoir de telles précisions alors qu’il est censé ne plus y avoir eu aucun être vivant sur ce monde ?

-Mok’darh lui-même en a fait le récit lorsque sa raison parvenait encore à prendre le dessus lors de brèves intermittences, avant qu’il ne devienne totalement fou. Ces récits sont parvenus, allez savoir comment, au Seigneur Larsh, de l’Alpha Legion, qui a envoyé afin de récupérer l’artefact les quelques marines que nous avons affrontés. Ce sont eux qui ont corrompus le gouvernement et fomenté sa sédition, afin de priver l’Imperium des ressources de la planète tout en acquérant la chose. Les analyses faites par les magos de l’Adeptus Mechanicus ont révélés que le sous-sol était riche d’énormes gisements de pétrole, de quoi entretenir les armées de Cadia pendant plus d’un siècle à elles seules. Mais il y a plus grave.

-Quoi donc ?

-Le prisonnier a corroboré plusieurs rapports plus ou moins allusifs qu’une nouvelle Croisade Noire se prépare depuis l’Oeil de la Terreur. D’après lui, l’artefact devait servir au Seigneur Larsh à gagner en prestige auprès de l’Archi-Hérétique, de manière à ce que celui-ci lui accorde des objectifs plus intéressants à remplir lors de ce qui se profile comme la pire des invasions Chaotiques depuis au moins huit siècles.

-Bizarre, cette quête de prestige et cet asservissement à Abaddon m’étonnent beaucoup d’un fils d’Alpharius. Ca n’est pas dans leur habitude, jusqu’ici tous nos prisonniers et tous les rapports ont établis que l’Alpha Legion semblait agir de manière totalement indépendante du rejeton d’Horus.

-En effet, vous avez raison. D’après mon interrogatoire, j’ai toutefois pu établir que le Seigneur Larsh était une sorte de « dissident », en ce qu’il considère que l’alliance par l’allégeance à l’Archi-Hérétique est le seul moyen de triompher de l’Imperium.

-En cela, il n’a pas vraiment tort, malheureusement. Des renseignements supplémentaires sur les objectifs d’Abaddon ou de Larsh durant cette future Croisade ?

-Non, aucun. Il n’était qu’un « exécutant » si je puis dire. En revanche il y a bien plus intéressants.

Gabriel sentait que le Chapelain coupait volontairement son discours, de manière à sa dégager un petit effet théâtral. Le grand maître commençait à suspecter à la fois que Severian avait touché quelque chose de gros, mais aussi que ce dernier était touché à son tour par l’influence de Gabriel dans sa manière d’être. Ce genre de petit effet, jamais encore le vieil Investigateur ne s’en était ménagé. Effectivement, il semblait que la relation entre le maître et son élève n’était plus à sens unique...

-Ne me faites pas languir, Frère Chapelain, répondit amusé le jeune capitaine. De quoi s’agit-il au juste ?

-Eh bien, assez récemment, notre hôte aurait croisé la route d’un certain... Un-zéron-zéro...

-Par le Lion ! Cypher ! Où est-il ?

-D’après lui, il n’y a encore que quelques mois de cela, il était dans la région du Voile, au sud de la galaxie. Système inconnu des archives impériales. C’est une région inexplorée, hormis de quelques Rogue Traders.

-Très bien, fit Gabriel en se redressant. Prévenez la Tour des Anges, nous rentrons immédiatement refaire nos forces. La Troisième Compagnie n’a pas encore récupéré de Piscina, et nous avons souffert de pertes élevées durant cette campagne.

Severian observa Gabriel reprendre de la vigueur et s’activer sur le pupitre de commande pour transmettre ses ordres. Il était jeune, très jeune pour un Maître de Compagnie. Seul l’appui de Severian avait permis à Belial, pourtant si réputé, de faire accepter au sein du Cercle Intérieur et encore plus à cette charge un Frère aussi jeune. Indéniablement, Gabriel était talentueux, mais beaucoup l’avaient taxé d’inexpérience. Les évènements d’Ana-Purna III viendraient leur démontrer le contraire. Cependant Severian avait craint pour lui lors de sa réaction à la mort de Ramiel dans les entrailles de la planète. Il n’était pas encore rompu aux arcannes du commandement et à tous les sacrifices qu’exigeait de commander une Compagnie des Dark Angels. La perte de Ramiel l’avait ramené à une dure réalité : la Traque des Déchus était une quête difficile et pénible à mener. Seul l’avenir pourrait permettre de dire si Severian s’était ou non trompé dans son choix, et si Gabriel allait bien devenir le Grand Maître que le vieux Chapelain espérait forger. Il le regarda mettre son armure, que ses serviteurs avaient ramené à sa demande. Il était un Ange de la Mort, un des Messagers de l’Empereur. Mais allait-il vraiment être un Dark Angel ? Là était toute la question...

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeDim 16 Sep 2012 - 11:11

Intronisation, chapitre 12 : Retour de Tartarus

Gabriel remontait patiemment et minutieusement, pièce par pièce, les composants de son épée tronçonneuse. Il aurait pu confier cette tâche à un serviteur, qui ne manquaient pas à bord, mais c’était sa façon à lui d’honorer son équipement, sa façon à lui d’entretenir le lien qui s’était forgé entre son arme et lui. A présent qu’il avait exécuté sa cinquante-cinquième mission de combat depuis son intronisation au sein de la confrérie des frères de batailles, il y avait de cela trente-trois ans, il comprenait vraiment ce que le vieux Severian voulait dire lorsqu’il appelait le bolter et l’épée tronçonneuse « les auxiliaires de l’Astartes ». Il acheva de nettoyer la chaîne de la terrible chose, puis la réinséra dans son logement en la glissant entre les deux roues crantées. Il assembla ensuite les pièces du moteur, connecta les différentes parties puis, jugeant qu’il avait effectué toutes les phases du rituel correctement, referma le boîtier du moteur. Il se releva et saisit délicatement l’épée. Il dégagea la sécurité, et démarra la chaîne. Elle se mit à vrombir, ses terribles dents défilant à grande vitesse, fendant l’air avec un sifflement lorsqu’il faisait décrire quelques moulinets à son poignet. Son arme était impatiente de retourner au combat.

Pourtant, son arme et lui pouvaient être fiers des combats menés, et ils avaient été nombreux. Gabriel arrêta la course de la chaîne, et posa l’arme sur le râtelier, qui composait avec la paillasse le seul ameublement de sa cellule. Lui-même s’assit sur ce qui constituait son lit. Son escouade et lui avaient encore quartier libre pour une demie heure. Il songea à la campagne qui venait de s’achever.

La Troisième Compagnie de Combat avait été envoyée par le Grand Maître Suprême à l’assaut de Tartarus parce qu’elle avait fait sédition de l’Imperium. Mais Maître Bélial n’était pas parti seul. Le déploiement de forces était impressionnant. Huit escouades de la Deathwing, trois Dreadnought de la Première Compagnie, cinq escadrons de la Ravenwing menés par maître Sammael lui-même. Jamais Gabriel n’avait vu autant de guerriers aussi mythiques rassemblés pour une seule et même campagne. Sans doute, s’était-il dit alors, que le défi serait de taille.

Les premiers affrontements ne l’avaient pas déçu sur ce point. Malgré sa taille, Tartarus s’était dotée d’une flotte de guerre en bardant d’armes en tous genres des navires réquisitionnés lors de leurs accostages aux docks orbitaux de la planète. Tartarus était en effet un point de passage obligé du Segmentum pour les navires qui reliaient Hydrapur à Scintilla. Ses riches gisements de carburants et ses productions manufacturées étaient des ressources de prix en vue d’être échangées sur des marchés lointains. Le carburant lui-même alimentait plusieurs mondes en guerre du secteur Calixis, à l’orée de l’Occularis Terribus, ou Œil de la Terreur en bas gothique. Elle disposait ainsi de quelques frégates qui faisaient office de défense active, et de deux stations spatiales de défense. Celles-ci n’avaient guère été un problème pour le Croiseur d’Attaque et les escorteurs que les Dark Angels avaient dépêchés. Les navires de défenses, des petites frégates aux cargos transformés en batterie d’armes, avaient été réduits à l’état d’épave et certains dérivaient encore vers le soleil du système. Les bases orbitales, elles, étaient plus précieuses, et Sammael et Bélial avaient convenus de les prendre assaut.

Il fut chronométré, rapide, précis, sanglant. Expédiés à l’abordage à l’aide de torpilles de combat, les Astartes avaient percés les défenses et neutralisés les boucliers, une station après l’autre. Dans le même temps, les principaux éléments de défense longue portée étaient mis hors d’usages. Téléportant alors les quarante Terminators dont ils disposaient, le Winged Vengeance porta le coup décisif. Les guerriers de la Première Compagnie coupèrent les centres d’énergie de la station, rendant tous ses armements inoffensifs. La résistance avait alors été totalement écrasée. Les deux stations tombèrent sans coups férir deux heures après l’arrivée des Dark Angels, mais les combats furent rudes. Une dizaine d’Astartes avaient rejoints la droite de l’Empereur, et le triple au moins étaient soignés dans les ponts-infirmerie du navire de ligne.

Pour autant, malgré ce grave revers, Tartarus refusa de céder et de livrer les coupables. Alors ce fut le début de la fin. Les Impardonnés lancèrent leur offensive au sol.

Comptes tenus de l’importance stratégique de la planète, à commencer par ses gisements pétrolifères, il fallait se concentrer sur sa tête et la décapiter. La Ravenwing traqua sans relâche pendant ses reconnaissances toutes les installations qui pouvaient menacer la flotte de l’Astartes si elle descendait en orbite basse afin de larguer ses modules d’assaut. Tous les silos de missiles et les batteries de lasers de défense qui protégeaient la capitale furent ainsi successivement découverts par la Seconde Compagnie puis détruits par la Première, qui se téléportait directement dans les installations et éliminait tous ceux qui servaient les terribles pièces.

Une fois ceci fait, les choses sérieuses commencèrent et le Croiseur d’attaque et son escorte pilonnèrent l’orgueilleuse capitale. La Troisième Compagnie fut larguée par Drop Pods afin de prendre le contrôle d’une drop zone à l’intérieur de ce qui restait de la ville. Le soutien lourd débarqua aussitôt après, et les Dark Angels encerclèrent le palais gouvernemental. Soumis à un intense bombardement, les boucliers de ce dernier cédèrent et la Deathwing fut à nouveau téléportée à l’intérieur. A l’extérieur, les contre-attaques se succédaient pour dégager le siège de l’autorité rebelle mais elles échouaient toutes sans exception. Le mur dressé par la volonté inflexible et obstinée des Fils du Lion était tout simplement impossible à abattre. L’ensemble du gouvernement séditieux fut pris et interné dans les prisons du Winged Vengeance. Vaincus, les rebelles déposèrent les armes et Sammael les soumis à la sentence de la décimation. Trois-cent milles soldats rebelles furent crucifiés un peu partout, leurs croix plantées en des centres névralgiques de Tartarus.

A présent, la flotte repartait vers le Roc. L’opération avait été courte : à peine une semaine. Gabriel appréciait ce genre de raid : rapide, efficace, l’incarnation même de ce pourquoi les Space Marines avaient été créés. En bien des occasions, il avait participé à des campagnes plus longues, qui atteignaient parfois plusieurs années. Mais si les occasions de combattre étaient nombreuses alors, il affectionnait pourtant les assauts éclairs, rapides et mortels. Cela économisait beaucoup les forces du Roc, et les rendaient très vite disponibles pour d’autres missions. Le Dark Angel avait tout affronté. Il n’avait que la cinquantaine, ce qui pour beaucoup d’humains était un âge éminemment respectable, mais pour un Astartes c’était à peine l’âge adulte. Il se sentait à la fois jeune et fougueux et pourtant plus réfléchi, plus prudent et plus avisé. Il s’était surtout forgé une solide réputation d’épéiste au gré des combats. Peu nombreux étaient ceux qui pouvaient soutenir un duel face à lui, et encore moins nombreux étaient ceux qui arrivaient à le vaincre au sein de sa compagnie. Seuls Maître Bélial, le Champion de Compagnie Julius Aelius Lex et Frère Espertas, son propre sergent, y parvenaient encore.

Le temps cependant filait et arrivait l’heure de l’office. Gabriel s’en rendit compte, se leva d’un bond et sortit hors de sa cellule. Il rabattit la capuche de sa bure brune sur ses yeux, puis se dirigea silencieusement vers la chapelle du Winged Vengeance. Il parcouru rapidement les quelques coursives qui le séparait du lieu de prière. Celui-ci était situé au centre du navire, comme si tout gravitait autour de lui. Il en était véritablement le cœur, plus encore que la passerelle de commandement ou la chambre des machines.

Par petits groupes, ses compagnons arrivaient également. Il pénétra avec l’un d’eux dans le saint édifice. Une nef d’une assez grande longueur étirait ses trois allées jusqu’au chœur, qui s’agrandissait légèrement et donnait sur une abside. Au fond de cette dernière était suspendue la bannière de la Troisième Compagnie des Dark Angels. Devant elle, majestueuse, trônait une statue de l’Empereur. Il était représenté dans une robe de bure aux plis rigides, le visage serein, la capuche sur les épaules. Il tenait dans le poing droit la poignée d’une épée dont la pointe touchait terre, son autre main reposait sur le bord supérieur d’un long bouclier de forme triangulaire. Elle exprimait une force tranquille, elle dégageait la sérénité.

En tant que premier officiant du culte, le Chapelain Investigateur Severian avait revêtu son armure toute entière, jusqu’à son effrayant heaume. Le Chapelain Abraxas le secondait dans la célébration et lui aussi était entièrement armé. Ils préparaient la cérémonie.

Peu à peu, la nef se remplit. Bélial apparu accompagné de son escouade de commandement. Eux aussi avaient passés leurs armures énergétiques. Tous arboraient la Crux Terminatus à l’épaule droite, Bethor et Lex portaient également les lauriers impériaux qui tressaient une couronne d’or autour de la croix frappée d’un crâne d’ivoire. Ils s’installèrent derrière l’autel, le long du bord de l’abside. Les premiers rangs se garnirent et les vétérans de la Deathwing y prirent place. Les guerriers de la Seconde Compagnie s’assirent derrière eux. Enfin, toute la Troisième Compagnie se partagea les places vides des trois travées. Les novices de la Dixième Compagnie servaient la cérémonie en tant qu’auxiliaire du culte. Severian puis Abraxas se levèrent. Le silence aussitôt se fit. Deux novices se mirent en devoir de sanctifier l’autel au moyen d’encensoirs, puis tandis que Severian ouvrait la célébration, ils remontèrent les allées latérales de la nef afin de purifier les Frères de Bataille.

-Frères, nous voici tous réunis pour célébrer la fin victorieuse d’une campagne faite en Son glorieux nom. Loué soit-Il !

Tous les Marines inclinèrent la tête vers l’autel.

-Rendons grâce à l’Empereur pour nous avoir donné l’occasion d’accomplir son service ! lança le vieux Chapelain.

D’une même voix sourde, l’assemblée chanta un cantique dont les basses mélopées résonnaient comme un roulement de tambours de guerres antiques.

-Voici les trophées pris en Son nom ! Ô Immortel Empereur de l’Humanité, notre Père à tous, vois les symboles de tes ennemis jetés à terre ! Contemple les restes de leur puissance abattue par Tes fils ! Nous te les offrons !

Abraxas s’avança le long de l’allée centrale, suivit des deux novices qui portaient les précieux encensoirs. Derrière venait en procession les autres novices, qui amenaient les étendards pris à l’ennemi sur Tartarus. Ils les jetèrent un à un sur l’autel, puis Severian se saisit d’une torche et mit le feu aux tentures. Les bannières capturées s’embrasèrent en un rien de temps. Lorsqu’elles se furent consumées, il lança une poignée d’huile sacrée, et une douce odeur se répandit dans la chapelle tandis que la flamme prenait un aspect bleuté.

-Ô Père Bienveillant, pour honorer leurs serments qu’ils t’avaient fait, certains de Tes fils ont fait le sacrifice de leurs vies. Daigne les prendre à Ta droite et les associer aux justes louanges qui Te sont dues. Pour nous, nous inscrirons les noms que voici dans les pages bénies du Liber Honorificorum.

Abraxas égrena une liste d’une quinzaine de noms, pour la plupart tués lors de l’assaut des stations orbitales. C’étaient des tâches toujours risquées, et le tribut qu’elles prélevaient était souvent élevé. Parmi les morts figuraient trois membres de la Deathwing. Deux Frères de la 7ème Escouade de la Troisième Compagnie, à laquelle appartenait Gabriel, avaient également donnés leurs vies pour Son service.

Lorsqu’Abraxas replia le rouleau sur lequel était inscrite la liste obituaire, Severian conclut :

-Souvenons-nous toujours de ces Frères car par nous ils seront immortels et leurs faits d’armes brilleront toujours au firmament de l’Astartes. Que le Thrène de la Gloire soit chanté en leur honneur !

Le chant s’éleva le long des murs de la chapelle. Ses tonalités graves et son rythme lent marquaient l’affliction, mais ses paroles exprimaient la gratitude pour ceux qui avaient fait le sacrifice suprême. Elles exaltaient leur foi et leur courage, et magnifiaient leurs vertus par les louanges qu’elles exprimaient. Le chant s’acheva sur une note d’espoir.

-Honorons aussi ceux qui ont mérités par leurs actions d’ajouter un nouveau titre de gloire à ceux qu’ils possèdent déjà ! Frères ! Le temps est venu de remettre leurs récompenses à ceux qui s’en sont montrés dignes durant cette campagne !

Bélial se leva et rejoignit Severian au centre du chœur. Abraxas lui aussi vint y prendre place ainsi qu’une paire de serviteurs porteurs de coussins d’un rouge carmin aux bordures d’or. Le Chapelain de la Troisième Compagnie déroula un autre cylindre, et appela :

-Frère Julius Aelius Vrtus !

Le champion de Compagnie s’avança et vint se placer face au trio.

-Frère Virtus, dit Bélial, tu as été jugé digne de rejoindre la Deathwing. Voici la marque de ta nouvelle place au sein de la Confrérie des Dark Angels, ajouta-t-il en prenant une décoration sur l’un des coussins. Sois-en digne.

Il lui passa autour du cou une chaîne d’argent auquel était suspendu un pendentif. Celui-ci était en fait l’épée ailée des Dark Angels, dont la belle couleur rubis resplendissait. La lame était barrée d’un éclair blanc de part en part. Severian lui posa la main sur le crâne et, en un geste presque paternel, le bénit de quelques paroles. Puis il prononça d’une voix forte :

-Va t’asseoir parmi les tiens, à présent.

-Une ovation pour le Frère Virtus ! lança Abraxas.

Un tonnerre d’applaudissement éclata dans la chapelle du Winged Vengeance. Le Chapelain leva une main et le silence revint.

-Frère Antonin Espertas !

Le sergent sortit des rangs et vint à son tour se présenter devant les officiers.

-Frère Espertas, fit Bélial, tes actions de gloire tant durant tes cent cinquante ans de service que durant la campagne de Tartarus te rendent digne de recevoir la prestigieuse Crux Terminatus.

Ce faisant, il prit la croix dorée ornée du crâne d’ivoire et la lui remit. C’était la plus fameuse récompense qui exista dans tout l’Adeptus Astartes. Rares étaient ceux qui la portaient dans un Chapitre, et elles récompensaient toujours un Space Marine digne de figurer aux rangs des héros de l’Imperium. On disait que le crâne renfermait un fragment de l’armure de l’Empereur.

-Frère Espertas, tu étais déjà lauréat des Lauriers Impériaux pour le courage et le talent que tu démontras jadis dans les déserts de cendres de Sépulcra. En cette qualité, tu intégreras mon escouade de commandement et prendra la place que Frère Virtus a laissé vacante.

Espertas inclina la tête, reçu la bénédiction de Severian et fut salué d’un autre concert d’applaudissement tandis qu’il rejoignait les élus de Bélial de l’autre côté du chœur.

-Frère Ekar !

Le vétéran sortit des rangs de la première escouade de la Troisième Compagnie.

-Frère Ekar, tu as manifesté un grand sens tactique et tes talents martiaux t’ont déjà valu plusieurs récompenses. Aujourd’hui, reçois ce Crâne de Fer. Je te nomme à la tête de la 7ème Escouade. Tu l’as bien mérité.

Ekar vint prendre la place d’Espertas après avoir été béni lui aussi par l’Investigateur, sous un déluge d’applaudissement.

-Frère Arpeus !

Le Dark Angel remonta la travée à son tour.

-Frère Arpeus, pour ton magistral tir de fuseur qui détruisit ce Malcador renégat, tu as sauvé bien des Frères de ta Compagnie que ce monstre hérétique allait faucher de ses bolts impies. Pour ton adresse et ton courage qui te fit te lever seul face à lui, nous te décernons l’Honneur Balistique.

Bélial prit un bolt d’or posé sur le second coussin. Il l’accrocha à la bure du Frère de Bataille. Puis le Dark Angel suivit le même protocole que ses Frères et retourna s’assoir avec les membres de la 3ème Escouade.

-Frère Gabriel !

Gabriel fut surpris, mais mû par un automatisme il sortit lui aussi des rangs et rejoignit Bélial, Severian et Abraxas devant l’autel. Il ne pensait pas devoir recevoir quelque récompense que ce fut. Bien sûr il avait donné son maximum, comme il se devait de le faire à chaque fois que l’Empereur l’appelait à Son service, mais cette fois-ci il ne lui semblait pas s’être distingué plus que tout autre.

-Frère Gabriel, en cinquante-cinq missions, tu as abattu un nombre impressionnant d’ennemis. Jadis tu défis un Seigneur de Guerre Ork à toi seul alors que tu étais à peine sortit du noviciat. Toujours tu as été au premier rang, toujours tu as lutté avec l’acharnement et l’obstination qui fait de nous les dignes Fils de Lion El’ Jonson. En quelque occasion que ce soit, tu démontres ta vaillance et ton talent au combat. Encore cette fois-ci, lorsqu’il fallu monter à l’abordage de ces stations orbitales, toi le premier tu posais le pied sur leurs sols, et tu fus un exemple pour tes Frères. Reçois donc ce crâne d’ivoire avec la devise « Primus », afin qu’il commémore ton courage et ta valeur.

Bélial prit le dernier insigne sur le coussin, et le lui remit.

-Tu le feras installé à l’endroit qui te conviendra sur ton armure par le Frère Harridan, prononça Bélial à voix plus basse tout en lui serrant la main.

Puis, Gabriel se présenta devant Severian. Ce dernier lui apposa sa main sur la tête, et prononça quelques mots de bénédiction. Puis il recula, pivota sur lui-même et regagna sa place sous une dernière ovation.

Bélial s’avança alors que les serviteurs se retiraient, et déclama :

-Puissent ces Dark Angels être des exemples pour vous tous ! Trouvez en eux une source d’inspiration, afin qu’à votre tour vous ajoutiez un paragraphe à la liste de vos hauts faits !

Puis à son tour il revint à sa place, suivit d’Abraxas, et seuls restèrent Severian et un serviteur qui portait un épais livre relié d’une couverture d’un noir d’ébène.

-Lecture des Versets 36 à 42 du Livre de la Haine.

Le Chapelain Investigateur fit la lecture des saints écrits d’une voix de stentor. A chaque fois qu’elle résonnait, elle faisait vibrer en chaque Astartes leurs deux cœurs d’une sainte colère contre le Xénos, le Mutant et l’Hérétique. Il finit par conclure d’un sermon dans lequel il rappelait la gloire du Chapitre, celle de l’Imperium, et les valeurs fondamentales des Dark Angels : foi, zèle, honneur, obstination. Il termina sur ces paroles :

-Souvenez-vous toujours que de la désunion naît l’Hérésie, elle qui retourna l’archihérétique Horus contre notre Père, et que l’Hérésie entraîne anathème et déshonneur. Ne vous divisez jamais, restez soudez et rien ne pourra jamais ternir la gloire du Chapitre. Frères ! Donnez-vous le signe de la Concorde et de l’Unité.

Tous les voisins s’échangèrent des poignées de main, des félicitations et des congratulations. Puis en quelques instants, le calme revint aussi vite qu’il avait disparu.

-Frères ! reprit Severian, l’Empereur est fier de vous ! Vous avez ramenés Ses brebis égarées dans le droit chemin, et ramenés Sa lumière là où les ténèbres de l’Hérésie avaient submergés Ses domaines. Par ma parole, recevez Sa bénédiction. Louons-le ! Chantons le chant du Juste.

Près de deux cents Astartes reprirent les strophes sacrées. La mélodie était belle, et chacun des hommes présents alors étaient éblouis par la beauté chorale de l’air qui emplissait les murs de la chapelle. Elle avait le don de chasser le doute dans les cœurs et de réconforter les esprits blessés. Ses rimes étaient apaisantes. Lorsque les dernières notes retombèrent, Severian étendit les mains devant lui, bénissant une dernière fois l’assemblée qui lui faisait face :

-Frères, allez en paix à Son service.

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeSam 22 Déc 2012 - 13:45

LA SUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITE !
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeSam 22 Déc 2012 - 19:23

Désolé j'avais totalement zappé depuis ce temps... c'est Noël alors j'en profite pour remettre une deuxième dose demain Wink

La Voix dans le Voile, Chapitre 1 : Une pluie de mort

Le Dark Angel se tenait debout sur le pont de commandement de son navire. A travers la vitre blindée, il observait les étoiles scintiller. Un peu plus bas que lui, à plusieurs kilomètres sur sa droite, dérivait parallèle au croiseur d’attaque une frégate de classe Gladius. Sur sa gauche, une autre Gladius quittait la sienne et piquait en accélérant rapidement vers une orbite de beaucoup plus basse que celles des deux premiers bâtiments. Elle se dirigea droit vers une petite planète anonyme d’un système qui n’avait jamais été répertorié nulle part ailleurs que dans quelque carte d’astronavigation d’un Rogue Trader ou d’un contrebandier. Elle se dirigeait droit vers la dernière des planètes qui n’avait pas encore été ravagée par la colère des Impardonnés.

L’officier enleva son heaume dans un sifflement d’air comprimé. Un visage jeune et élégant mais néanmoins parcouru de quelques cicatrices se refléta sur le verre blindé. Ses yeux bleus scrutèrent une dernière fois les étoiles, puis il se retourna pour faire face à un Astartes en armure noire, au visage si balafré qu’il semblait avoir été cousu de toute pièce. Les intenses couleurs rayonnant des moniteurs de contrôle du pont de commandement s’accrochaient aux quatre clous d’argent plantés dans son crâne. Derrière lui se tenaient cinq Frères de batailles qui portaient de lourdes bures blanches.

-L’Isiah se met en position d’attaque. Nous lancerons l’assaut dans trente-neuf minutes à partir de maintenant. Embarquement dans vingt-cinq minutes. Je ne veux laisser aucune chance à ces Xenos. Leur arsenal nous a déjà mis hors de combat assez monde ainsi.

-Ne vous en faites pas, Gabriel. L’office que j’ai célébré tout à l’heure a porté la sainte haine de nos frères à son paroxysme. Rien ne nous arrêtera.

-Je n’en doute pas, Frère Severian. Je connais suffisamment bien vos talents en matière de prêches et de harangues pour cela.

Gabriel se dirigea vers les écrans luminescents. Il regarda une dernière fois la liste des unités et l’état des effectifs de celles-ci. Il la connaissait par cœur et pourtant la compulsait une nouvelle fois. Lui aussi était nerveux, lui aussi voulait en découvre et cette attente était pesante. Il pressa un bouton et au centre de la plate-forme s’afficha l’hologramme de la planète. Ils avaient décidé de l'appeler simplement "Quatre" puisqu'elle se trouvait être la quatrième et dernière planète du système. Plusieurs agglomérations de diverse importance en couvrait la surface. La capitale, de loin la plus peuplée, occupait un dixième à elle seule de la superficie habitable. Gabriel zooma. Au centre de celle-ci se dressait l’objectif principal de la mission : le Palais Doré, l’ultime refuge de la fantomatique Voix de l’Empereur. Plus au nord, une large esplanade d’une bonne centaine de milliers de mètres carrés était cerclée de rouge sur l’affichage verdâtre qui tournait sur lui-même à la même vitesse que la vraie planète en contrebas. Voilà l’objectif que les Dark Angels devaient prendre, en guise en quelque sorte de préliminaire à l’action finale. Cette vaste étendue dégagée en plein milieu de la ville était une véritable opportunité offerte aux Fils du Lion. Elle assurerait un camp de base facile à défendre, totalement hermétique et tout à fait capable d’accueillir le matériel lourd que le croiseur d’attaque Winged Vengeance transportait dans ses cales. Et elle n’était qu’à deux kilomètres à peine du temple de la Voix, dont les défenses allaient être pilonnées par les torpilles et l’artillerie lourde du croiseur, afin de donner le temps à l’Isiah de bombarder copieusement la zone de saut et neutraliser tous moyens de lutte anti-aérienne. Les modules d’atterrissage qui transporteraient les Dark Angels se poseraient aussitôt ce dernier finit, pendant que l’Isiah laminerait dans le même passage les tourelles du Palais Doré qui pourraient encore être en état de servir. Une fois la zone de débarquement sous contrôle, la seconde phase du plan pourrait commencer.

-Escouade Bethor, je place en vous toute ma confiance pour mener nos forces à la victoire, ainsi qu’en vous Frère Severian. Je suivrai depuis le Redemption avec l’escouade Saariel en réserve, afin d’intervenir au moment opportun ou si vous rencontrez un problème. Le Thunderhawk vous appuiera si nécessaire. Notre procédure standard, en somme... conclut-il avec un petit sourire.

Ses compagnons sourirent à leur tour. Revoir une dernière fois le plan de bataille était une dernière précaution utile en même temps qu'un moyen de tromper cette attente alors qu'ils contenaient mal la colère qui bouillonnait en eux. Ils avaient bien des morts à venger, et surtout un objectif suprême à atteindre : capturer le pire des Déchus que la galaxie abritait. Cypher !

-Ce plan est certainement plus long qu’un assaut direct et frontal sur le Palais Doré, mais je ne veux pas affronter le même scénario que la dernière fois.

En effet, la planète précédente s’était trouvée doté d’un complexe fortifié d’envergure, et les Dark Angels optèrent pour un débarquement orbital par module directement sur le fort, comptant sur la surprise et la vitesse d’exécution pour l’investir et le prendre avant qu’une opposition réelle ne se mette en place. Malheureusement, la technologie avancée des extraterrestres était telle qu’un système de contre-mesures efficace avait brouillé les coordonnées de saut et envoyé au diable vauvert les différentes escouades. S’en était suivit une pagaille infernale dans les premiers instants de l’attaque et un long regroupement, puis un siège en règle qui avait levé un lourd tribut dans les rangs du détachement. Il était hors de question qu’un tel évènement se reproduise à nouveau, et Gabriel, se doutant bien que le temple de la Voix de l’Empereur était au moins autant protégé que ce bastion conquit de haute lutte, mit au point un plan plus long mais cent fois plus sûr.

-Messieurs, encore quinze minutes avant l’embarquement. Allez-vous apprêter.

Les Astartes saluèrent leur officier, qui leur rendit leur salut, puis quittèrent la passerelle de commandement.

Gabriel lui-même après avoir donné ses dernières instructions à l’équipe de quart sortit et se dirigea vers les ascenseurs. Après en avoir emprunté plusieurs il rejoignit ses propres quartiers. Il passa la porte de sa cellule et continua vers les grilles de sa petite chapelle. Il se mit à genou devant la statuette de l’Empereur qui se trouvait dans une petite niche, puis croisa ses poignets sur son buste afin de faire le signe de l’Aquila. Il adressa une petite prière au maître de l’Humanité, lui demandant de veiller sur ses hommes dans la difficile mission qu’ils allaient avoir à accomplir, puis se recueillit. Il songea au sillage de mort et de destruction que laissait derrière elle l’escadre des Impardonnés. Les quelques mondes habités par ces extra-terrestres inconnus des magos biologis ou de l’ordo xenos avaient été dévastés par l’implacable haine des Dark Angels. Rien d’autre ne subsistait plus désormais que la planète-mère, que Gabriel avait délibérément isolée, au moins autant pour tester les défenses aliens que pour ne laisser aucune échappatoire à Un-zéro-zéro. Le dénouement était proche. Malgré leur technologie avancée et leurs armes à énergie multiphase qui causèrent bien du tort aux Astartes, la volonté d’adamantium qui animait les Fils du Lion finissait par l'emporter. L’acte final se jouaierait dans quelques instants.

Localiser ce système perdu dans la région du Voile, encore inexplorée, ne fut pas une mince affaire. De nombreuses épaves de vaisseaux de Rogue Traders flottaient maintenant à la dérive dans l’immensité vide et froide de l’espace, leurs occupants exécutés par Severian après qu’il leur eu soutiré les renseignements qu’il souhaitait avoir. L’existence de Un-zéro-zéro devait rester secrète, pour tous. Combien encore d’explorateurs allaient périr pour avoir potentiellement été en contact avec la Voix ? Gabriel n’en avait pas idée, mais garder le secret avait un prix et le jeune Maître était disposé plus que jamais à le payer. Il avait juré en ce sens lors de son intronisation au sein du Cercle Intérieur et il respecterait à jamais ce serment, aussi lourd fut-il à porter.

Il se releva, sortit du lieu saint et referma la grille sur ses pas. Il enfila son casque, se saisit d’Absolution et de son bolter-fuseur, puis consulta le temps qu’il restait. Plus que cinq minutes.

Il rejoignit en hâte les ponts d’envol. Il devinait ses hommes prendre place dans les modules d’atterrissage du Winged Vengeance, il imaginait les modules immobiles, engoncés dans les rails de lancement, à l’arrêt. Dans une poignée de minutes ils allaient être projetés avec une force incroyable hors des baies du croiseur, piquant en une effroyable pluie avec toute la vitesse de leurs propulseurs vers l’esplanade désignée par leur Grand Maître comme l’objectif. Plusieurs secousses ébranlèrent le bâtiment lorsque le grand vaisseau ouvrit le feu sur le Palais Doré. Bien plus bas, l’Isiah à son tour devait faire s’abattre une tempête de mort sur la zone.

Une dernière porte s’ouvrit et il pénétra sur le long pont d’envol tribord. Les sept membres de l’escouade Saariel l’attendait devant la rampe de l’énorme engin bardé d’armes qu’était le Thunderhawk. Gabriel se dirigea vers eux tandis que des serviteurs s’avançaient, porteurs de ses chers réacteurs dorsaux. Il fit le tour des ses sept frères de bataille et leur adressa quelques mots bienveillants ou l’une ou l’autre plaisanterie tout en laissant les cyborgs installer les précieux moteurs. Ceux du Redemption chauffaient déjà. Gabriel vérifia que les systèmes fonctionnaient normalement, puis donna l’ordre d’embarquer. Il ne restait plus que deux minutes. Lui-même monta à bord. La rampe se releva sur ses talons.

Les cloisons tremblèrent quand l’engin d’assaut s’arracha du sol d’acier. Il décrivit une rotation lente afin de se présenter face à l’ouverture qui donnait sur le vide spatial. Le pilote prévint tous ses passagers de s’accrocher fermement. Gabriel, debout à ses côtés, agrippa une poignée. Subitement, les moteurs rugirent et propulsèrent le Thunderhawk droit devant lui, traversant comme une balle les champs de confinement. Il vira sur sa droite sitôt dans l’espace et s’inclina sur l’aile afin de piquer vers l’atmosphère en contrebas. Gabriel observait les flancs de son navire. Une centaine de modules jaillissaient des baies de lancement réparties sur toute la longueur de la coque. Le spectacle était magnifique. Le Winged Vengeance déversait une véritable cascade de tir depuis les batteries d’armes des entreponts. La Mort arrivait...

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeSam 22 Déc 2012 - 21:28

Citation :
Une centaine de modules

Il y a toute le chapitre?

Mais excepté ce fait c'est toujours aussi plaisant à lire.
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeSam 22 Déc 2012 - 22:09

Technoprêtre Hayt a écrit:
Citation :
Une centaine de modules

Il y a toute le chapitre?

Mais excepté ce fait c'est toujours aussi plaisant à lire.

Non. Mais les capacités en modèle d'un croiseur dépassent largement celle requise pour lancer une compagnie, et de nombreux modules sont par ailleurs vides ou armés de systèmes de tir automatisés. On peut donc considérer avec les trois frégates présentes que la centaine est réaliste, à mon sens. D'autant que Gabriel opte pour une attaque orbitale massive.

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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeSam 22 Déc 2012 - 22:30

D'accord, c'est vrai je n'avais pas pensé aux drop armé comme ceux Forge.
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeDim 23 Déc 2012 - 11:18

Intronisation, Chapitre 13 : Morden Prime

-Ici Escouade Aurelianus. L’auspex signale une source d’énergie de nature inconnue dans le secteur Thèta 14.

-Bien reçu Frère Aurelianus. Faites mouvement vers l’origine de l’émission. Escouade Ekar, portez-vous vers le même secteur en soutien de la cinquième escouade. Ici Frère Belial, terminé.

Gabriel entendit son sergent accuser réception de l’ordre que leur transmettait le maître de la Troisième Compagnie via le canal vox, et mettre aussitôt en branle son escouade en direction des nouvelles coordonnées. Il inspecta avec minutie les toits et les fenêtres des bâtiments qui l’entourait, bordant la ruelle sur toute sa longueur. Totalement déserts, pas de trace de signes de vie… à l’image de Morden Prime. Pas âme qui vive à la surface, telle était la situation que les Dark Angels découvrirent en pénétrant dans la capitale, Scunptio. La ville, qui aurait dû compter plusieurs centaines de millions d’habitants, était absolument vide. Plus aucun signe de vie. Aussi la découverte d’Aurelianus était-elle singulière.

-Ici Colonne Abraxas. Nous venons d’atteindre la forteresse de l’Arbites. Trace de durs combats, mais pas de corps reconnaissables, hormis ceux des adeptes évidemment.

-Reçu, Frère-Chapelain. Tenez la position. Sommes en route pour le palais impérial. Frère Belial, terminé.

L’interminable avance précautionneuse continua. L’escouade d’assaut Ekar progressait toujours, environ quatre cent mètres derrière l’escouade Aurelianus. Au bout d’une dizaine de minutes, ce dernier appela :

-Ici Escouade Aurelianus. Rhino stoppé devant grand bâtiment type hangar. Il semble que la source d’énergie soit à l’intérieur. Déploiement et investissement. Aurelianus, terminé.

Ekar fit signe à ses hommes d’accélérer la marche. Si la cinquième escouade tombait sur un contact hostile, il leur faudrait des renforts au plus vite.

-Ici Aurelianus. Portail Warp secteur Thèta 14, portail Warp secteur Thèta 14 ! Le portail s’active ! Hostiles ! Hostiles en approche ! Pour l’Empereur !

La communication s’interrompit brutalement, sans doute le sergent avait-il basculé sur le canal d’escouade pour hurler l’ordre d’ouvrir le feu.

-En avant, Frères ! Aurelianus va avoir besoin de nous avant peu !

Ekar lança son exhortation en même temps qu’il activait ses réacteurs dorsaux. Dans un rugissement semblable, les dix Astartes s’élevèrent dans les cieux, portés par leurs puissantes tuyères. Ils filèrent droit vers le bâtiment dans lequel d’après l’affichage tactique Aurelianus était engagé. Un premier atterrissage à mi parcours, un deuxième saut et l’escouade toute entière se posa à proximité du hangar. Ce dernier, dont le toit était toujours entier et paraissait solide, ne leur offrait d’autre possibilité que de pénétrer à l’intérieur de manière conventionnelle. Du moins l’auraient-ils fait si une demie-douzaine de Dark Angels ne sortirent en courant de l’endroit sous un déluge de traits d’énergie noire. Le rhino pivota pour présenter sa trappe arrière mais l’un des marines fit signe à l’artilleur monté au tourelleau de dégager la rue et de se mettre en embuscade. Eux-mêmes, semblait-il, filaient tout droit dans l’immeuble qui faisait face.

Ekar voulu entrer en contact avec Aurelianus mais l’un des membres de son escouade répondit à sa place pour annoncer qu’il était tombé au combat. Un rapide conciliabule prépara la défense. Les restes de la cinquième escouade se mettrait en position défensive à l’intérieur du bâtiment, et Ekar allait sauter par dessus afin de sécuriser leurs arrières, puis se tenir prêt afin de se porter à l’assaut d’un éventuel assaillant de la position retranchée.

Ils n’avaient pas plus tôt défini ce plan que l’escouade Ekar fut assailli de toutes part. Des formes humanoïdes et émaciées, bardées de pointes et de piques, émergèrent de tous les orifices de l’immeuble qui se tenait à leur gauche, et ouvrirent le feu instantanément. D’une porte latérale du hangar émergèrent une dizaine de combattantes à demi-nues et portant des armes exotiques ou des filets. Avant même que les Astartes ne réagissent, elles furent sur eux. Gabriel envoya une rafale de pistolet-bolter à l’une d’entre elle, mais à sa grande surprise la créature esquiva en un clin d’œil les terribles projectiles qui allèrent se perdre derrière elle. Les deux adversaires se jetèrent l’un sur l’autre, tandis qu’autour d’eux le carnage éclatait. La chose lui jeta le filet qu’elle portait, mais les réflexes hors du commun de Gabriel le firent plonger en dessous. L’autre d’un bond gracieux lui passa par dessus en tournoyant. Il se releva et d’un large mais rapide mouvement de son épée tronçonneuse trancha dans une gerbe de sang l’abdomen d’une autre ennemie. Les traits d’énergie noire continuaient de siffler de manière malsaine autour d’eux. Gabriel repartit à la charge, mais la chaîne de son arme ne rencontra que le vide. Sa cible l’esquiva avec facilité et lança aussitôt son trident dans sa direction. Gabriel para, et pesa sur son arme de manière à trancher celle de son adversaire. L’autre tenta d’une torsion de poignet de lui faire sauter l’épée des mains mais la pique extérieure de son trident se rompit dans un craquement sec. La chaîne hurlante descendit à toute vitesse vers ses avants bras, mais la xenos lâcha le manche et dans le même instant exécuta un magnifique salto qui la fit passer par dessus les épaules de Gabriel. Celui-ci eut à peine le temps de se retourner qu’il se détourna au dernier moment de la trajectoire d’un longue lame effilée. Il perdit l’ équilibre et tomba à la renverse, parant malgré tout une nouvelle attaque de la rapière. Il roula sur le côté et évita encore une attaque, et activa son réacteur dorsal afin de se sortir de cette situation périlleuse. La manœuvre surprit son adversaire, et il profita de ce court instant d’inattention pour lui expédier un bolt en pleine tête. Le crâne éclata comme une pastèque. Il coupa son jump-pack et se laissa lourdement tombé au sol.

Le combat était acharné, déjà presque tous les combattants gisaient à terre. Gabriel se jeta dans la mêlée à corps perdu, et abattit dans le dos une guerrière xenos qui allait porter un coup fatal à un de ses frères. L’autre le remercia, mais Gabriel ne prit pas le temps de le relever car déjà on l’assaillait. Il esquiva un second jet de filet, lança une attaque qui ne porta pas et para une puis deux puis trois ripostes. Les coups défilaient à une vitesse impressionnante, les guerrières xenos étaient visiblement sur-entraînées. Enfin, il se défit de son adversaire d’une feinte de torse, qui la trompa une fraction de seconde suffisante pour que la chaîne de sa tronçonneuse lui déchire l’épaule. Elle s’effondra dans un cri de douleur et il lui écrasa sa semelle blindée sur la gorge d’un geste rageur alors qu’elle levait son arme de poing dans sa direction en un ultime geste de défi.

Se retournant, il aperçut Ekar aux prises avec une xenos qui maniait un sorte de fouet clouté. Le sergent portait ses attaques en expert mais aucune ne parvint à déjouer la garde de la seconde duelliste. Au contraire, d’un coup de fouet bien ajusté, elle enroula son arme autour de l’épée énergétique et d’un mouvement brusque, la lui arracha. L’épée s’envola dans la direction de Gabriel. Ce dernier se jeta à terre pour éviter la dangereuse trajectoire et il tourna vivement la tête pour suivre du regard l’arme, qui alla par chance se planter dans le dos d’une xenos qui ne l’avait pas vu venir. Celle qui combattait contre Ekar détourna d’un coup de pied tournant le canon du pistolet-bolter du sergent, qui claqua sans rien toucher, tandis qu’elle lançait son fouet vers le casque du sous-officier. Des éclairs d’énergie apparurent aussitôt et ils parcoururent tout le torse du Space Marines. Il fut pris d’un terrible tremblement et s’effondra agité de convulsions. La rune de l’Astartes s’éteignit.

La xenos se retourna vers Gabriel, et fit un signe de la main en direction des tireurs qui occupaient les toits afin que ces derniers quittent leurs positions et les laissent seuls. Les combattantes survivantes firent de même et Gabriel se retrouva face à face avec la guerrière. Elle lui fit signe d’un doigt langoureux de s’approcher. Gabriel lança la chaîne de sa tronçonneuse, afin de vérifier qu’elle marchait toujours. L’autre dut prendre cela comme une acceptation du défi qu’elle lui proposait, gloussa de plaisir d’un petit rire aigu, et s’amusa avec le long poignard qu’elle tenait dans la main gauche. Elle le fit tournoyer sur lui-même au bout de ses longs doigts, à une vitesse impressionnante. Puis, elle le fit volter tout autour d’elle dans un numéro dont elle semblait très fière. Elle ne cessait pas de le fixer.

Gabriel profita de ce que l'eldar noire semblait prendre du plaisir à jouer avec son arme pour lever son pistolet bolter et lui expédier un bolt entre les deux yeux. Mais son adversaire, dans un mouvement d’une célérité déconcertante, se jeta en boule à ses pieds au moment précis où il ouvrait le feu, et Gabriel ne dut qu’à ses réflexes instantanés d’éviter la lame de la succube. Son épée-tronçonneuse, la chaîne hurlante, para la seconde attaque.

Une pluie de coups lui tomba dessus. Il enchaînait les parades et les esquives plus vite qu’il ne l’avait jamais fait. Les deux combattants étaient impressionnants à voir. Gabriel cependant, savait qu’il n’avait que peu de chance de triompher s’il continuait à utiliser sa fidèle épée-tronçonneuse. Aussi n’hésita-t-il pas un instant. Imperceptiblement, il se rapprochait de l’épée d’Ekar qui était toujours plantée droite comme un I dans le thorax de sa victime malencontreuse, à la suite de pas de côté et d’esquives savamment employées. Puis, se jugeant assez proche, il plongea vers elle, l’agrippa et se releva dans le même mouvement. Du pouce, il lança le champ d’énergie et la lame se mit à crépiter d’étincelles bleues électriques. La pointe de l’arme devint blanche, et des éclairs commencèrent à en parcourir toute la longueur. La succube garda une certaine distance de sa proie, qui se révélait être plus coriace que prévue.

Ils se dévisagèrent quelques temps, l’un et l’autre reprenant leur souffle. Puis, comme mû par un commun accord, ils se jetèrent à nouveau l’un sur l’autre. L’eldar noir d’un bon gracieux lui passa par-dessus et tenta de lui porter un coup de fouet mais Gabriel esquiva et son épée siffla à quelques centimètres de la xenos, laissant une traînée d’étincelles telle le sillage d’une commette. Elle attaqua une nouvelle fois mais sa dague rencontra l’épée énergétique de Gabriel. Celui-ci parvint à l’atteindre d’un violent coup de coude. Son adversaire le reçut en pleine figure, et bien qu’elle accompagna le coup en reculant d’un mètre, cracha néanmoins un bouillon de sang mêlée à des esquilles de dents. L’Astartes cependant fondait déjà sur elle et lui abattait son épée sur le crâne.

La lame fendit la tête de l’eldar noire de part en part, et continua à s’enfoncer à travers sa gorge. Gabriel ne s’arrêta dans son mouvement que lorsqu’elle fut à moitié enfoncée dans la cage thoracique de sa victime. Elle tomba à terre, les deux genoux au sol, le tronc toujours suspendu à l’épée de l’Ange de la Mort. Une odeur de chair grillée se répandait dans l’air. Il appuya simplement son pied contre le cadavre et dans un bruit écoeurant, retira son arme du corps. D’un coup de pied dédaigneux, il rejeta en arrière les restes de la succube.

Il jeta un rapide coup d’oeil autour de lui. Il était seul. Pas un des membres de son escouade n’était encore opérationnel. Il fit le tour de ses frères, vérifia que les systèmes de secours intégrés à l’armure étaient bien en marche, mais il était déjà trop tard pour quatre d’entre eux dont son Sergent. Il lança un signal SOS avec un indicatif de position, priant l’Empereur que cela n’attire pas sur lui d’autres xenos. Au bout de quelques minutes, une voix grésilla sur le canal général :

-Ici Damoclès contrôle, ici Damoclès contrôle, escouade Ekar répondez à vous.

-Ici Escouade Ekar, reçu 4 sur 5 Damoclès contrôle. L’escouade n’est plus opérationnelle, je répète, l’escouade n’est plus opérationnelle. Suis seul survivant. Demande Rhino sanitaire pour extraction blessés. A vous.

-Ici Damoclès contrôle. Reçu. Un transport va venir les chercher. Portez-vous vous-mêmes aux coordonnées suivantes : secteur Gamma-8/E-5. Nos frères sont en difficulté. Terminé.

-Ici Gabriel, terminé.

Gabriel jeta un coup d'oeil rapide à l'affichage tactique. Le point indiqué était relativement distant de sa propre localisation, aussi devait-il partir sans attendre. Il lança ses réacteurs, prit un peu d'altitude et se reposa sur un toit proche. Il se mit alors à progresser de toits en toits afin d'éviter toute embuscade, sautant d'une plate-forme à l'autre dans une sécurité plus grande que s'il avait fait route sur le sol même.

Au bout d'une grosse dizaine de minutes, il entendit des bruits de combats un peu plus avant sur sa droite, et s'y porta. Une explosion suivie d'un panache de fumée illumina le soir naissant. Un dernier saut, et il était posé en haut d'un immeuble partiellement en ruine. Il découvrit une colonne de rhinos Dark Angels dont l'un d'eux était en flammes, assailli de toutes parts. Ses frères faisaient montre d'une résistance féroce et avaient déjà conquis, de haute lutte semblait-il, deux ou trois immeubles dont les façades à présent étaient éclairées de milliers de départ de coups à la minute. Pour autant, les eldars noirs ne paraissaient pas découragés et attaquaient sans relâche la position. Au centre de la rue se déroulait une contre-attaque qui visait apparamment à secourir l'équipage d'un second rhino dont le flanc gauche laissait échapper de lourdes spires de fumée de mauvaise augure. Une dizaine de cérastes accompagnées de chiens hideux affrontaient moitié moins de vétérans, reconnaissables facilement à leurs bures cérémonielles, et la situation était rendue critique par ce que les impériaux avaient nommés un "talos". La machine cauchemardesque était aux prises avec un Dark Angel qui se défendait avec acharnement mais ne parvenait qu'à égratigner la machine lorsque l'un de ses rares coups portaient. Il semblait plutôt affairé à esquiver les énormes pinces articulées que projetait avec violence vers lui l'abomination.

Gabriel activa son épée énergétique, et, porté par ses réacteurs, s'élança dans le vide. Au même moment, le Talos parvint à faucher de ses appuis le Dark Angel et se dernier s'affala au sol, sur le dos. La machine grinça comme si un rire sarcastique la parcourait, et le va bien haut ses bras articulés, ses fatales pinces dirigées vers l'Astartes. Gabriel ne lui laissa pas le temps de les abatte.

Il tomba sur le dos de la machine, lui enserrant le corps de ses deux puissantes jambes, et frappa de toutes ses forces de son arme un terrible coup d'estoc, plongeant la lame de haut en bas dans la carapace du monstre, appuyant de ses deux mains dans un effort terrifiant pour progresser à l'intérieur de la robuste machine.Cette dernière chercha à happer de ses pinces Gabriel mais il ne s'en laissa pas compter et passa sous les coups rageurs. Il entailla plus largement encore sa victime, et se saisit d'une grenade antichar qu'il arma tant bien que mal. L'autre Dark Angel, voyant le sort que faisait Gabriel au Talos, se jeta sans attendre dans la mêlée, afin d'aider ses hommes contre le cérastes. Esquivant une dernière tentative du Talos de l'agripper, il lança la grenade au plus profond des entrailles de la chose et arracha son épée de la blessure en s'envolant droit vers le ciel. Un coup de pince lancée à toute volée l'atteignit et la violence de l'impact l'envoya rouler quelque mètres plus loin.

Il n'eut pas le temps de se relever. Dans une explosion cataclysmique, le Talos explosa, projetant des morceaux de carapaces tordus en tous sens. Le souffle de l'explosion projeta Gabriel contre un mur et le fit passer à travers ! Un hurlement d'âmes damnées sembla accompagner l'explosion dans un concert inaudible, et il sembla que des centaines d'âmes prisonnières de l'horrible créature s'envolèrent dans un délire de formes fantômatiques, semblables à des faciès tordus de douleur.

Hébété et un peu sonné, Gabriel passa la tête hors des débris de maçonnerie, jeta un oeil alentour, se forçant à se concentrer sur quelque chose afin de reprendre pied dans la réalité. Les xenos semblaient abandonner la partie et refluer. Avec une certaine difficulté il réussit à se remettre sur ses pieds. Son esprit lui revenait avec une lenteur exaspérante. Le Space Marine qu'il avait sauvé des griffes du Talos s'avançait vers lui tout en ôtant son casque. Son armure verte, bien meutrie de longues estafilades, paraissait magnifiquement décorée. Il s'approcha encore et soudain Gabriel reconnu le visage qui lui souriait. C'était celui de Belial lui-même.

Gabriel se figea au garde à vous. Le Grand Maître de la Troisième Compagnie lui mit la main sur l'épaule et, sans s'arrêter de sourire, prononça :

-Repos, Frère.

Gabriel se détendit.

-Gabriel, je te dois certainement la vie. Ton courage ne sera pas oublié, crois-le bien.

Il frappa son épaule comme une on frappait sur celle d'un vieux camarade, puis il sourit une dernière fois et se retourna en remettant son casque vers son escouade de commandement.

-MFT-
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MessageSujet: Re: L'Ange Gabriel   L'Ange Gabriel - Page 3 Icon_minitimeDim 23 Déc 2012 - 14:16

Un récit d'une telle qualité finit par rendre ses lecteurs exigeants :

Citation :
-L’Isiah se met en position d’attaque. Nous lancerons l’assaut dans trente-neuf minutes à partir de maintenant. Embarquement dans vingt-cinq minutes. Je ne veux laisser aucune chance à ces Xenos. Leur arsenal nous a déjà mis hors de combat assez monde ainsi.
Il doit manquer un petit mot...

Citation :
Gabriel activa son épée énergétique, et, porté par ses réacteurs, s'élança dans le vide. Au même moment, le Talos parvint à faucher de ses appuis le Dark Angel et se dernier s'affala au sol, sur le dos. La machine grinça comme si un rire sarcastique la parcourait, et le va bien haut ses bras articulés, ses fatales pinces dirigées vers l'Astartes. Gabriel ne lui laissa pas le temps de les abatte.
Et ici une petite lettre...

Derniers points, dans le fluff du dernier codex Eldar Noir, les Cérastes ne sont pas forcément des femmes : des combattants des deux sexes s'entraînent avec passion au combat au corps à corps.
Je ne sais pas ce qu'il en ait dans le fluff antérieur, et tu fais de toute façon ce que tu veux, mais je trouvais utile de t'informer...

Technaugure, toujours fan.
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